Selon un rapport rendu par les Nations Unies en 2013, la production de nourriture animale générerait 14,5% de gaz à effets de serre, dont 9,3% pour les seuls bovins. Pour être plus précis, le secteur de l'élevage produit 7,1 milliards de tonnes d'équivalent de CO2. Les émissions sont majoritairement dues à l'élevage des ruminants, la digestion des bovins (les vaches pètent du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2), la production et la transformation du fourrage, la fermentation du fumier, et bien sûr le transport des animaux et de la viande.
Si vous n'êtes pas convaincu·e, dites-vous que le CO2 émis pour produire 1 kilo de boeuf est équivalent au CO2 émis par une ampoule de 100 watts allumée pendant 20 jours. Dites-vous aussi que le fameux méthane éjecté par les bovins est responsable pour la moitié du réchauffement climatique causé par l'homme.
Souvenez-vous, en janvier dernier, le Parlement reconnaissait que les animaux étaient "des êtres vivants doués de sensibilité". Nos chiens et nos chats peuvent donc souffler, ils ne sont plus considérés comme des "biens meubles". Mais cet amendement est loin d'avoir fait plaisir à tout le monde. A l'époque, les principaux syndicats d'agriculteurs craignaient en effet que cela ne remette en cause la pratique de l'élevage. Il faut dire que depuis plusieurs années, les études qui prouvent que les animaux de ferme sont sensibles et conscients d'eux-mêmes se multiplient. On parle même de sentience animale.
Par exemple, les vaches qui ont un nom et qui sont traitées comme des individus peuvent accroître leur production de lait. Une expérience réalisée par des chercheurs de l'université de Bristol a également démontré que les cochons ont conscience d'eux-mêmes. Ils peuvent ainsi utiliser des techniques pour tromper leur entourage ! Quant aux moutons, ils gardent en mémoire les visages d'autres moutons et de personnes humaines pendant deux ans et réagissent de façon émotionnelle à certains visages.
En Asie, notamment en Chine et au Vietnam, manger du chien et du chat fait partie des traditions culinaires. On peut s'offusquer, dire que nos compagnons à quatre pattes méritent d'être traités avec respect et qu'ils sont "doués de sensibilité", mais n'est-ce pas faire preuve d'une légère hypocrisie ? Comme on vient de le voir, les animaux élevés chez nous pour leur consommation sont aussi complexes qu'un chien ou un chat. Une étude britannique menée en 2013 a même prouvé que la poule était extrêmement intelligente. En effet, cette dernière peut compter jusqu'à cinq, et a la logique de planifier à l'avance. Les poules font même preuve de self-control !
Lors d'une expérience, 93% des poules testées ont compris que plus elles attendaient avant d'appuyer sur un bouton pour recevoir leur pitance, plus les portions étaient conséquentes. Et ce n'est pas fini. Dès son plus jeune âge, le poussin comprend qu'un objet déplacé hors de sa vue continue d'exister, ce qui n'est pas le cas pour un enfant humain en bas-âge, qui développe ce type de compétence à partir de l'âge d'un an. Au terme de ses recherches, la scientifique Siobhan Abeyesinghe a très bien résumé pourquoi nous nous obstinons à voir dans la poule un animal bête : "Nous avons cette protection psychologique qui consiste à dévaloriser les animaux que nous utilisons pour produire de la viande, ainsi nous ressentons moins d'inquiétude à leur sujet".
En février dernier, la journaliste Anne de Loisy publiait un livre très documenté sur la filière de la viande intitulé Bon appétit ! Quand l'industrie de la viande nous mène en barquette. Elle expliquait alors que les images de vaches à la cool dans les prés vendues aux consommateurs étaient bien loin de la réalité. Interrogée par Libération, elle confiait : "Le plus impressionnant, c'est l'industrialisation de l'abattage. Faire passer un animal de vie à trépas, c'est forcément un peu gore. Mais l'industrialisation de cette étape-là est extrêmement violente : les bêtes sont abattues à une telle cadence qu'elles sont encore vivantes au moment où on les tronçonne". Et ça, ce n'est qu'une petite partie des horreurs qui attendent lapins, poules, vaches, poulets etc.
Parce que l'élevage industriel, c'est aussi des porcelets castrés à vif, des milliers de poules qui s'entassent les unes sur les autres sans jamais voir la lumière du jour, des lapins coincés dans des cages minuscules qui finissent par tuer leurs petits en les écrasant... A cause de l'exploitation industrielle, ce sont des millions d'animaux "doués de sensibilité" qui sont torturés chaque jour. Comme le dit si bien Paul McCartney dans ce reportage ci-dessous : "Si les abattoirs avaient des vitres, tout le monde serait végétarien".
Attention, ces images peuvent choquer.
Au cours des cinquante dernières années, la consommation de viande a augmenté de 60% en Europe. Manger de la viande est devenue une habitude alimentaire, et sans vous en rendre forcément compte, vous en ingurgitez peut-être à chaque repas. Mais ingurgiter trop de viande c'est comme manger trop de sucre, ou boire trop d'alcool : c'est mettre sa santé en danger.
De nombreuses études scientifiques ont ainsi démontré que cette surconsommation a un lien direct avec les maladies cardiovasculaires, certains cancers (intestin, prostate, côlon, pancréas, sein, poumons), les attaques cérébrales, le diabète, l'hypertension, et bien sûr, l'obésité. Ainsi, un homme d'âge moyen a trois fois plus de risques de mourir d'une maladie cardiovasculaire qu'un végétarien. Qui plus est, l'élevage intensif décrit ci-dessus fait que la viande elle-même est porteuse de maladie. Le recours massif aux antibiotiques et aux hormones favorise le développement de certaines bactéries comme la Salmonella. Chaque année, plus d'un million de personnes perdent la vie à cause d'une intoxication alimentaire.
L'élevage de bovins est la principale cause de la déforestation de la forêt amazonienne. En 2009, Greenpeace présentait ainsi un rapport aussi détaillé qu'alarmant : 80% de cette jungle a été rasée pour servir de pâture au bétail (ou pour cultiver les céréales qui serviront à les nourrir). Cela représente 14% de la déforestation de la planète. De leur côté, les Nations Unies estiment que plus de 40% des forêts tropicales en Amérique Centrale ont été brûlées ou rasées.
Cette déforestation a donc un énorme impact sur notre monde. Alors qu'un hectare de forêt tropicale est capable d'absorber une tonne de CO2 par an, les hommes détruisent cette même forêt pour y installer des bovins qui relâchent d'énormes quantités de CO2 (plusieurs milliards de tonnes métriques chaque année). Les dommages environnementaux sont également très graves : dégradation des terres, inondations, glissements de terrain, érosion, c'est toute la structure des sols qui est détruite. Enfin, la déforestation provoque aussi la disparition d'espèces. Une centaine s'éteindrait ainsi chaque jour.
D'après l'Organisation Mondiale de la Santé, 2,4 milliards de personnes n'auraient pas accès à l'eau potable, soit un tiers de la population mondiale. Mais à côté de ça, 70% de nos ressources en eau potable sont utilisées par le secteur agricole et la majeure partie pour l'élevage. Ainsi, environ 5 000 litres d'eau sont requis pour produire 1000 kcal d'aliments d'origine animale, tandis que 1 000 litres d'eau sont nécessaires si l'aliment est d'origine végétale. En devenant végétarien, on économise donc des milliers de litres d'eau par jour (et imaginez si vous choisissez de devenir végétalien !).
Qui plus est, l'élevage ne gaspille pas seulement l'eau, il la pollue aussi. Par exemple, la pisciculture (élevage de poissons en eau douce) contribue énormément à la pollution de l'eau à cause des antibiotiques, des hormones et des déchets animaux. Enfin, près de 80% des émissions d'ammoniac proviennent de l'élevage. Celui-ci se dissout dans les précipitations, ce qui provoque des pluies acides. Pluies qui vont détruire les éléments nutritifs du sol. A noter que la France est le premier pays émetteur en Europe, avec 97% d'émissions d'ammoniac d'origines agricoles.
795 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde (soit 1 personnes sur 9) et cela est le résultat de nombreux facteurs, à la fois sociaux, géographiques et économiques. Et croyez-le ou non, devenir végétarien est l'une des solutions pour repousser la famine.
En effet, plus de la moitié des cultures céréalières servent à nourrir le bétail, quand on pourrait nourrir les hommes. Au moins 80% des cultures mondiales de soja et plus de 50% des cultures de maïs se retrouvent dans l'assiette des animaux d'élevage. Pour vous faire une idée : si la population mondiale devenait végétarienne, la Terre pourrait nourrir 15 milliards de personnes (nous sommes aujourd'hui 7 milliards).
De nos jours, être végétarien n'est plus considéré comme une extravagance et il est très facile de se nourrir convenablement, au restaurant comme à la maison. Il existe de nombreux aliments végétaux qui contiennent des protéines, et malgré la légende bien ancrée, un végétarien ne risque pas forcément de souffrir de carences (sinon, il y a toujours la vitamine B12). Puis comme expliqué plus haut, une alimentation sans viande permet de prévenir les risques d'obésité, les problèmes cardiovasculaires, les cancers ou encore le diabète.
Preuve qu'être végétarien n'est plus une sombre tendance hippie, les plus grandes stars d'Hollywood sont toutes anti-viandes. Parmi elles, on trouve par exemple Beyoncé, qui a récemment agacé ses fans en leur annonçant qu'elle était devenue vegan (on les comprend, ils s'attendaient à un nouvel album). La liste des personnalités végétariennes est extrêmement longue et comprend par exemple Morrisey (le plus intransigeant), Natalie Portman, Jessica Chastain, Joaquin Phoenix (il narre d'ailleurs le documentaire Earthlings), Leonardo DiCaprio, Lea Michele, Jared Leto, ou encore Peter Dinklage... Etre végétarien n'a jamais été aussi cool. Alors, pourquoi pas vous ?