Le rapport de votre collègue ne se résume pas à ses manques et à ses maladresses. Commencez par dire ce que vous avez apprécié et si vous n'avez vraiment rien aimé reconnaissez au moins qu'il y a eu un effort et un travail de fait. Cette accroche positive a pour but de rassurer votre interlocutrice et de lui donner envie d'écouter la suite. En revanche, si vous entamez la discussion en déclarant d'entrée « Eh bien dis-donc, il y a du boulot, ce n'est pas terrible ce que tu viens de faire ! », votre collègue va instantanément déclencher ses mécanismes instinctifs de défense. Selon son caractère, elle va soit se refermer en se disant que vous êtes désagréable, soit vous attaquer à son tour, soit se mettre à souffrir en se disant qu'elle est nulle. Dans les trois cas, elle ne sera plus en état de tirer un quelconque profit de la suite de votre discours.
C'est quelque chose que les Américains savent très bien faire et que les Français font très mal. Aux États-Unis, on apprend dès le plus jeune âge aux enfants à ne pas confondre ce qu'ils font et ce qu'ils sont. On ne leur dit jamais « tu es un mauvais élève » mais « tu peux mieux faire, là ton travail n'est pas bon pour telle et telle raison ». Les Américains sont de ce fait beaucoup plus ouverts à la critique qu'ils prennent naturellement comme des conseils pour mieux faire leur travail. Pour un Français, critiquer son travail revient à critiquer sa personne. C'est pour cela qu'il est si difficile de faire une critique constructive. Soyez donc extrêmement précis sur la nature de votre critique, collez aux faits et évitez soigneusement de remonter à la personne. Par exemple, au lieu de dire : « Je ne sais pas ce que tu as voulu faire avec ta conclusion mais elle est ratée », dites : « Ta conclusion fait dix lignes, c'est un peu long et elle ne reprend pas les trois idées clés de ton document. »
Évitez d'opposer votre opinion à celle de l'autre, de présenter vos idées sous la forme « Moi j'ai raison et toi tu as tort ». Faites cadeau de votre avis comme étant une autre façon de voir les choses, et non comme étant la seule et unique façon valable de raisonner. Au lieu de dire : « Tu veux présenter le projet au directeur, mais moi je pense qu'il faut impérativement d'abord passer par son assistant », dites : « Est-ce qu'il ne serait pas judicieux de passer d'abord par son assistant ? » Un truc facile à retenir, remplacez systématiquement vos « mais » par des « et ». La différence est minime d'un point de vue syntaxique, mais énorme d'un point de vue psychologique.
Tout simplement parce que vous n'êtes pas toujours en état de bienveillance. Faire une critique constructive à une personne que vous n'appréciez pas ou qui génère en vous un complexe de supériorité ou d'infériorité est un exercice quasi impossible. Que vous le vouliez ou non, vos paroles vont être polluées par vos sentiments et vous allez profiter de l'occasion pour régler vos comptes. Et ne croyez pas que vous vous en sortirez en surveillant vos propos, ils comptent pour moins de 10% dans le ressenti de votre collègue. Lui recevra votre réel message à 90% par l'intermédiaire du « non verbal » (mimiques, regards, gestes, ton, etc.). Si vous avez vraiment besoin de faire une critique à une personne qui ne vous met pas à l'aise, faites d'abord un travail sur vous-même. Pourquoi ressentez-vous ces sentiments négatifs à son égard et que pouvez-vous faire pour les diminuer ? Une discussion ouverte avec la personne, en dehors de tout contexte de critique, est peut-être un préalable indispensable.
Enfin, si vous appliquez les trois principes clés et que voulez savoir si vous avez tout bon, c'est facile :
que vous a dit la dernière personne à qui vous pensez avoir fait une bonne critique ?
Le seul mot qui signe la parfaite réussite de l'exercice est « merci ! »
Si elle ne vous l'a pas dit, c'est soit que vous avez été maladroit dans votre critique, soit que votre relation est polluée par des sentiments négatifs qui empêchent toute critique d'être constructive.
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