Antoine Filloux : " Enfants du Mékong ", c'est 38 salariés en France et 1 millier de bénévoles à travers la France et l'Asie. En 2009, 35 volontaires, appelés " Bambous ", ont été envoyés en mission en Asie. Ils sont sur place pour un an, voire deux. Ils mènent des projets de développement, animent des programmes, font du contrôle de gestion, ou sont responsables de foyer d'accueil. Ils partent sous le statut " volontaire de solidarité international ". A Paris, au siège de l'ONG, nous sommes 8 salariés. Nous mettons en place des projets de développement. Nous avons tout un pole administratif et informatique. Des chargés de parrainages font le lien entre les parrains et les filleuls. La gestion des relations avec les donateurs est une partie importante de notre travail ainsi que l'aspect communication, développement des ressources et recherche de nouveaux parrains.
A.F. : Nous recrutons avant tout des personnes qui ont à coeur de s'impliquer dans une aventure humanitaire, pour qui les valeurs d'engagement et de service sont importantes, c'est tout un état d'esprit. Nous ne cherchons pas des compétences spécifiques, à part pour certains postes, mais des jeunes qui ont fait des études supérieures et qui ont déjà une expérience dans l'humanitaire ou le caritatif. Pour les volontaires qui sont partis cet été, nous avons reçu 250 dossiers et retenu 28. Chaque candidat passe 3 entretiens, avec le responsable du recrutement des volontaires, avec un psychologue, puis avec moi. On ne peut pas faire partir des personnes qui, même si elles sont pleines de bonne volonté, ont des fragilités psychologiques. Nous recrutons essentiellement des jeunes entre 20 et 30 ans, soit qui terminent leur cycle d'étude, qui sont en année de césure ou qui ont déjà une petite expérience professionnelle. Et les femmes sont plus nombreuses à partir que les hommes.
A.F. : La demande a doublé en 10 ans. C'est un secteur très porteur, qui est désormais reconnu comme un lieu d'expertise et de compétence. C'est milieu va continuer d'attirer. Le danger, c'est la rentabilité, la professionnalisation à outrance. En allant trop dans la recherche de compétence et d'efficacité, on peut perdre la dimension humaine pourtant primordiale. On remarque tout le business qu'il y autour de l'humanitaire : des cabinets de consultants en projet de développement ... Il faut veiller à ne pas tomber dans une " instrumentalisation " du pauvre. Par ailleurs, l'état d'esprit des jeunes qui veulent être volontaires est fondamental. Partir en mission humanitaire, ce n'est pas juste une référence ajoutée à son CV, pour mieux rebondir par la suite, c'est un vrai engagement !