"Tournicoti, tournicoton" scandait la célèbre bande à Pollux, Zébulon, Margotte et consorts en tournant, durant plus de 1.000 épisodes, sur le manège imaginé en 1964 par Serge Danot. Néanmoins, outre le pouvoir d'achat colossal que nécessiterait les quelque 5.000 heures de boucle enchantée, a priori offertes aux joyeux lurons animés, Le Manège Enchanté a fait l'économie d'une cruelle réalité : les autres. Voici quelques conseils qui mettront à mal la morale mais ménageront assurément votre impatience.
Optez pour un franc Gabriel ou Louise, respectivement les prénoms les plus donnés à Paris l'an passé. 370 garçons et 310 filles ont ainsi été prénommés dans la capitale, en 2014, selon la liste de l'état civil parisien. La seconde étape est cruciale : la conviction. Faites du bambin qui se sera immanquablement retourné une espèce d'enfant de substitution l'espace d'un instant et doubler sereinement, et avec un sourire poli, la foule irritée pour aller retrouver ce petit inconnu mais, en l'occurrence, bien pratique.
Nul besoin d'être ingénieur pour mener à bien l'opération. Une dose de roublardise et un sacré culot suffisent. Une fine observation des poteaux guide-file est préalablement requise. Dès lors, en jouant avec les sangles rétractables, à vous de faire de ce labyrinthe une voie royale vers le manège pour votre enfant. Inutile de préciser que cette option nécessite une grande docilité et candeur des parents alentours.
La France est classée 26e sur 175 pays en termes de corruption, selon le dernier rapport de l'ONG Transparency International. Un petit geste envers le patron du manège pourrait donc presque s'apparenter à une coutume locale. Emprunter les chemins de la cupidité ne se fait toutefois pas sans risques. En ce sens, il est conseillé d'opter pour un billet, plus onéreux certes, mais plus discret à glisser dans la main de votre cible, qu'une poignée de pièces de 10 centimes.
"Saviez-vous qu'en 2014 [insérer un pourcentage aberrant] d'enfants ont allègrement vomi après un tour de manège ?". Cette assertion, fallacieuse et évidemment non sourcée, aura sans doute un effet dissuasif sur un bon paquet de parents soucieux de ne pas avoir à débarbouiller leur progéniture délestée du fast-food généralement ingéré avant le manège.
C'est sans doute la plus abjecte des solutions et paradoxalement la plus efficace. Proposée par Serialmother, elle consiste à pincer son enfant afin que ce dernier pleure, inspire de la pitié aux autres et qu'il double tout le monde dans l'optique d'atteindre plus rapidement le seul remède possible à cette effroyable douleur : le manège !