Nathalie Kaïd est photographe, décoratrice et plasticienne. Une artiste complète qui comme Shiva, la divinité indienne, réinvente le monde chaque matin. Elle a même redonné vie à un bébé géant, œuvre surdimensionnée de Pascal Rozier qui autrefois posa son séant devant le tout nouveau Beaubourg, en l’habillant de fleurs, de couleurs et de rires. Ce qu’elle aime avant tout, c’est partager l’Art, tendre la main au passant, attiser son regard par des créations vives et sensuelles, provoquer l’émotion de personnes qui n’auraient peut-être pas pu caresser la culture. Pour la Cow Parade qui s’installe dans les rues de Bordeaux jusqu’au 14 septembre, elle interpelle le public sur notre cité.
Terrafemina : Votre message est « Que laissera-t-on à nos enfants demain ? ». Comment avez-vous traduit cela dans votre travail ?
Nathalie Kaïd : J’ai voulu donner un message de vie. Qui se traduit par des couleurs et des formes rondes. Je m’inspire toujours de la flore et de la faune mais pour faire parler mon travail, j’ai voulu que cette vache ait deux visages. D’un côté, elle est colorée, féminine, pleine de strass et de paillettes, de miroirs pour refléter la vie. De l’autre, elle représente une nature accidentée, une vie abimée avec un traité plus sombre et des incrustations de ronces et de têtes de mort qui viennent se tordre et déchirer la vie. Sur la tête de cette vache, j’ai placé entre les cornes un diadème constitué d’une femme minuscule. Une coiffe qui représente l’espoir. L’avenir.
TF : Vous avez toujours utilisé le recyclage dans vos travaux de décoration et artistique ?
N.K. : Oui, j’ai toujours prôné la « récup ». Pour toutes les émissions que j’ai pu faire sur France 3 ou Téva Déco, pour les magazines où j’ai proposé des sujets déco, je travaille avec des objets auxquels je donne une seconde vie. Je ne suis pas « écolo » mais je me suis découverte environnementaliste. J’apporte ma pierre en donnant des idées pour que rien ne se jette et pour montrer que la créativité peut devenir un moteur anti consommation. Je travaille d’ailleurs sur la création à Bordeaux d’un atelier éco solidaire.
TF : Pour le lancement de la Cow Parade, vous avez été la seule artiste à travailler « en live », devant un public nombreux.
N.K. : L’organisatrice de la Cow Parade, Stéphanie Verspyck m’a proposé de travailler en direct et cette idée m’a séduite car je suis obnubilée par la transmission du savoir aux plus jeunes. En dix ans, plus de trois cents jeunes sont passés dans mes ateliers. Faire émerger leurs talents et pour certains jeunes qui sont sortis du système scolaire, leur redonner le goût d’apprendre, je trouve cela essentiel. La revalorisation du travail manuel est également un enjeu important pour moi. C’est tout ces messages que j’ai voulu faire passer en embellissant, pendant des jours et des jours, cette belle vache.
(Photos : Florence Joutel)