La parution du livre de Sophie Fontanel, dans lequel elle révèle son abstinence sexuelle, fait grand bruit. Tout le monde a une opinion sur le sujet et semble être rassuré de voir que les périodes d’abstinence plus ou moins voulues ne sont pas des anomalies. Pourtant, mécaniquement, on peut difficilement avoir une affection durable pour un ou une partenaire.
Quel que soit le type de rapport pour lequel on opte (d’un soir ou d’une vie), il est acquis que rien ne dure, ni la vie ni le désir. Et c’est précisément cette fragilité qui alimente si magnifiquement le désir. Autrefois, guerres et grossesses fatales régentaient le rapport à l’autre et le mariage ne durait en moyenne que sept ans. Maintenant, c’est tout un panel de raisons qui nous laisse abstinents plus ou moins longtemps (absence d’opportunités, d’ouvertures, de connexions, etc.)
Nous voilà toutes presque rassurées.
Ce qui m'étonne, c'est plutôt le déferlement de témoignages et d’avis des médias : je retrouve quelque chose de similaire, dans son principe, à la façon dont les mêmes protagonistes avaient discouru par le menu moult détails croustillants et obscènes de l’affaire DSK.
Voilà deux affaires qui semblent démontrer que nous partageons tous la même paraphilie (comportement sexuel qui échappe à la norme) : le goût profond du voyeurisme, même lorsqu’il n’y a rien à voir.
Car il y a bien une forme de délectation, de « presque jouissance » à discourir des intimités des uns et des autres sans contact direct, à observer la situation de loin, par le petit trou de la serrure que nous offrent les médias. Dans la langue française, ce doit être pratique courante depuis bien longtemps, puisque c’est dans notre langue que le reste de l'Europe s’exprime (Voyeurism en anglais, Voyeurismo en espagnol, Voyeurismus en allemand, etc.). Ce brigandage visuel fait écho à une autre paraphilie que nous poussons à l’extrême, celle de l’exhibitionnisme (les acteurs et chanteurs américains sont leaders en la matière : des sextapes aux paroles de chanson, tout est livré de leurs goûts privés, toutes les émissions de téléréalité font le reste).
Nous voilà hommes et femmes égaux et riches de deux paraphilies, et là où certains se plaignent d’une forme de pornographie, j’aime, moi, l’entendre comme une bonne nouvelle, et comprendre que nous sortons ainsi des sentiers battus et allons chercher la parité là où elle se trouve : partout, à condition de s’en saisir par le goût et par la force.
Mais, gourmande de nature, je réclame plus encore : donnez-nous à voir des hommes nus là où on ne voit que des femmes (publicités, arts & spectacles, …), que les informations nous parlent aussi des hommes violés (puisque la pratique est courante dans les pays en guerre) et que des hommes partisans de l'asexualité (ceux qui choisissent de ne pas faire l'amour) dissertent à leur tour sur leurs choix.
Et je pourrais ainsi vous dire, ici même, « ça y est, nous aussi on en a plein la vue ! »
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