"Je voulais démontrer le pouvoir que peut avoir une seule fille afghane, et le fait que même une seule personne peut s'opposer à l'oppression". Ces mots forts, ce sont ceux d'une étudiante afghane de dix huit ans qui, le 25 décembre, s'est opposée au régime des talibans et au mépris des droits des femmes à sa manière. Comment ? En manifestant, seule, face à l'université de Kaboul. Dans les bras, une pancarte affichant "Igra" : "Lis".
Un geste puissant. Effectivement, l'accès aux universités est officiellement interdit aux filles et aux femmes, suite à une déclaration décrétée par le gouvernement taliban. Une décision qui indigne à raison la jeune citoyenne, incitant au contraire ses consoeurs à étudier et à s'instruire, comme l'énonce la pancarte qu'elle brandit avec fierté face à des gardes armés. La vidéo de cette mobilisation solitaire mais fédératrice, qui a duré quinze minutes avant d'engendrer les menaces des gardes, a depuis été largement partagée sur les réseaux sociaux.
Avec cet acte, la jeune étudiante est devenue un symbole.
"Ces femmes sont courageuses au-delà de toute espérance. Je les applaudis. C'est également un rappel brutal de la façon dont les droits des femmes peuvent être méprisés par les hommes", "Quelle femme courageuse. Continuez à maintenir cet élan, le monde regarde", "Plus courageuse que moi, plus courageuse que bien des gens ! C'est une jeune femme dont ce monde a besoin afin de changer pour le mieux !", ont ainsi commenté les internautes sur Twitter. De quoi apporter un large soutien à ce geste de bravoure en solo.
"Je sais que ma demande est juste, parce que c'est Dieu qui me donne droit à l'éducation. Les Talibans ne me font pas peur. Je n'ai pas eu peur. Je ne suis jamais sentie aussi forte. Nous avons toutes les capacités pour résister, précisément parce que nous sommes éduquées, que nous connaissons nos droits et que nous ne lâcherons pas", s'est exprimée auprès de la BBC la jeune étudiante, comme le rapporte franceinfo.
En décembre dernier, le ministre de l'enseignement supérieur afghan Neda Mohammad Nadeem décidait de suspendre l'éducation des femmes "jusqu'à nouvel ordre", décision précédant de peu la mobilisation de gardes aux entrées des établissements scolaires. A l'heure actuelle, rappelle Les Echos, les afghanes n'ont plus accès qu'aux classes de primaire. En mars 2022, les talibans ordonnaient la fermeture des collèges et lycées aux filles. Durant leur dernière prise de pouvoir en Afghanistan (1996-2001), la fermeture des écoles pour filles était déjà l'une des restrictions imposées par les talibans, tout comme le port de la burqa.
Une mise à mal des droits les plus fondamentaux qui se poursuit donc de plus belle en 2023. Une tragédie qui engendre son lot de protestations : en mai 2022, nous apprenions ainsi l'existence d'écoles pour filles secrètes et clandestines, initiées par des professeures résistantes et des militantes pour les droits des femmes.