Le port du voile intégral dans l'espace public : c'est ce qu'a exigé le 7 mai dernier Haibatullah Akhundzada, chef suprême des talibans, en Afghanistan. Depuis la reprise de contrôle des fondamentalistes religieux en août 2021, les droits fondamentaux des filles et des femmes sont sans cesse menacés. "Le port de la burqa est traditionnel et respectueux", a affirmé Akhundzada dans un décret afin d'expliquer cette nouvelle obligation pour toutes.
Transgresser cette loi aurait notamment des incidences sur les chefs de famille, du "simple avertissement" aux trois jours de prison, jusqu'à l'assignation en justice, rapporte Le Monde. Et Haibatullah Akhundzada de préciser : "Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles devraient voiler leur visage, à l'exception de leurs yeux, selon les recommandations de la charia, afin d'éviter toute provocation quand elles rencontrent un homme".
Un contexte alarmant pour les citoyennes afghanes.
"L'islam n'a jamais recommandé le port de la burqa. Les talibans, au lieu d'être progressistes, retournent en arrière. Ils se comportent comme lors de leur premier régime, ce sont les mêmes qu'il y a vingt ans", a fustigé une militante féministe, citée par l'AFP. A l'unisson, l'analyste pakistanais Imtiaz Gul voit là "un retour en arrière inattendu". Rappelons que lors du précédent régime taliban, de 1996 à 2001, le port de la burqa avait déjà été imposé aux femmes en Afghanistan. D'où cette impression de dangereuse régression.
Tel que l'indique Le Monde, suivant ce nouveau décret, toute employée gouvernementale ne portant pas le voile intégral "sera immédiatement licenciée".
Le Secrétaire général des Nations Unies a réagi : "Je suis alarmé par l'annonce faite aujourd'hui par les talibans selon laquelle les femmes doivent se couvrir le visage en public et ne quitter la maison qu'en cas de nécessité. J'exhorte une fois de plus les talibans à tenir leurs promesses envers les femmes et les filles afghanes, ainsi que leurs obligations en vertu du droit international des droits de l'homme."
Récemment encore, les talibans restreignaient l'accès des femmes au permis de conduire. Et en mars dernier, les talibans ordonnaient la fermeture des collèges et lycées aux filles. L'agence de presse gouvernementale Bakhtar News Agency suggérait alors qu'une réouverture des écoles pour filles pourrait avoir lieu "si leurs vêtements sont conçus selon la charia, les coutumes et la culture afghanes".