Que faire lorsque l'on est victime d'une agression à caractère sexuel ? Que faire en cas de viol ? L'association HandsAway, qui est déjà éditrice d'une appli sur laquelle les victimes peuvent se signaler sur une carte pour avoir de l'aide, souhaite développer un nouveau projet ambitieux.
Aujourd'hui, l'appli, développée en 2016, aide les victimes mais aussi les témoins à signaler les agressions qui ont lieu dans l'espace public, comme l'explique Lucile Dupuy, chargée de projet de l'association : "Elle permet aux victimes et aux témoins d'agressions sexistes ou sexuelles dans la rue ou dans les transports d'alerter les personnes aux alentours, de témoigner et d'être réconfortées par les autres citoyens et citoyennes qui ont l'application."
L'association HandsAway a également structuré des groupes de parole et fait de la sensibilisation auprès des salariés, notamment suite à la loi en août dernier qui impose aux entreprises d'avoir des référents·es en matière de violences sexistes et sexuelles au travail.
Pour aller plus loin, l'association souhaite aujourd'hui cartographier tous les lieux susceptibles d'aider les victimes : hôpitaux, commissariat, associations de défenses des droits des femmes, aide juridique.
Pour y arriver, l'association a lancé un crowdfunding qui prend fin le 7 avril. Le premier échelon de cette levée de fonds (30 000 euros) servira à financer le projet sur les neuf principales villes de France, Paris, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Grenoble, Lille, Nantes, Marseille et Nice.
L'idée est partie d'un constat simple : "On s'est rendu compte que les gens échangeaient beaucoup de conseils via la messagerie de l'application. Quand un témoin ou une victime signalent un événement, ils et elles peuvent commenter cette alerte sur un chat. Les personnes se disaient par exemple : 'Va dans tel commissariat, ils ont un bon accueil, je te conseille d'aller voir telle association'..."
"Nous nous sommes dit dans un premier temps qu'il y avait un besoin d'échange d'informations, et deuxièmement nous nous sommes rendues compte que les citoyen·nes n'avaient pas les informations de manière générale, ne savaient pas quelles associations existaient ou lesquelles sont près de chez eux et elles, ne savaient pas dans quel commissariat aller. Les personnes ne prenaient pas le temps de chercher ou quand elles le faisaient sur internet, beaucoup de choses ressortent, et tout est trop brouillon, trop fouillis. Alors on a voulu matérialiser un peu tout ça sous une forme digitale avec des filtres en fonction des besoins."
Tout sera fait pour aider les victimes à porter plainte : "Nous voudrions amener les victimes à aller porter plainte parce qu'on pense que le changement passe par le fait de lever l'omerta et l'impunité qu'il y a sur les agressions. Après on a conscience que l'accueil dans les police peut être très aléatoire."
L'association s'est demandée comment aider les gens à aller porter plainte sans aggraver leur traumatisme : "Nous nous sommes dit que si on faisait le lien entre la police, les associations, les victimes, les bon·nes citoyen·nes qui sont là pour réconforter, on allait créer un réseau autour des victimes où chacune pourra trouver le meilleur moyen de vivre sa guérison et ira porter plainte juste après l'agression ou quelques mois après en laissant passer des groupes de parole dans des assos par exemple."
Si le palier des 45 000 euros de collecte est atteint, le dispositif s'étendra aux villes de plus de 200 000 habitant·es comme Rennes, Montpellier, Strasbourg. Si les 60 000 euros sont dépassés, il sera disponible sur tout le territoire national.
Le projet est soutenu par le secrétariat d'État à l'Égalité Femmes-Hommes qui finance l'association et travaille avec le centre Hubertine Auclert. Les dons faits à la collecte de l'association sont défiscalisées à 66 %.