Suite à la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de révoquer le droit à l'avortement le 24 juin dernier, de nombreuses Américaines auraient décidé de désinstaller leur application de suivi des règles, et appellent d'autres citoyennes à faire de même sur les réseaux sociaux. Objectif ? Que leurs données ne soient pas exploitées par les autorités.
Cette crainte que les données sur le cycle menstruel et son évolution soient exploitées dans le cadre de poursuites, au sein des Etats où l'avortement est interdit est prégnante. Du côté de CBC, la professeure de droit à l'Université de Virginie Danielle Lemon l'affirme : "Je dois malheureusement dire aux gens de se débarrasser des applications".
Selon elle, ces données personnelles, qui iraient du cycle menstruel à la localisation et aux déplacements de l'utilisatrice, pourraient servir à un procureur dans le cadre d'accusations d'avortement illégal, l'entreprise relative à cette application devant les remettre aux autorités en cas de mandat ou citation à comparaître.
Et l'avertissement émane même de la Maison Blanche. "Je ne dirais pas que nous ordonnons aux gens d'arrêter d'utiliser les applications, mais je pense que les utilisatrices devraient être très prudentes à ce sujet", a déclaré à la presse le 8 juillet Jen Klein, coprésidente et directrice exécutive du Conseil de la Maison Blanche pour la politique en matière de genre.
A CBC, l'ancienne commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario Ann Cavoukian déclare sans détour aux utilisatrices : "Tout simplement, ne faites pas confiance à ce que les entreprises font de vos données. Elles peuvent prétendre protéger votre vie privée, ne stocker aucune de vos données numériques, ne les partager avec personne, mais encore et encore, nous avons vu que ce n'est pas vrai. Elles les partagent souvent avec des tiers non autorisés d'une manière que vous n'avez pas consenti".
Tel que le détaille la chaîne américaine CNN, des entreprises ont réagi à l'expression de ces craintes. Ainsi, Apple a déclaré que "de nombreuses mesures" seraient prises pour protéger les données de santé sur les appareils et dans le cloud, notamment en chiffrant les informations de santé dans iCloud lorsqu'un utilisateur active l'authentification à deux facteurs. Google a annoncé que serait automatiquement supprimé l'historique de localisation "indiquant si une personne s'est rendue dans une clinique d'avortement ou un centre de fertilité".
Cependant, ces mesures n'auront pas forcément un grand impact face à un contexte anti-avortement global.