"Quand je me regarde, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure", a dit Talleyrand. Autrement dit, on trouve toujours meilleur, mais aussi pire que soi. Sur le plan professionnel, familial, amoureux, physique... Et quoiqu'en dise, même les fortes personnalités sont influencées par le regard de leur entourage.
Une nouvelle étude réalisée par des chercheuses de l'Université de Waterloo (Canada) publiée dans la revue scientifique Body Image confirme cette influence sur le plan de l'acceptation de son corps. D'après leurs travaux, passer du temps en compagnie de personnes qui ne se focalisent pas sur leur apparence physique produit un effet positif sur notre santé.
"Nos recherches suggèrent que le contexte social a un impact significatif sur le ressenti vis-à-vis de son propre corps. Quand l'entourage ne se focalise pas sur l'apparence physique, cela peut s'avérer bénéfique pour l'image que l'on a de son propre corps", souligne Kathryn Miller, doctorante à l'Université de Waterloo et autrice principale de l'étude, sous la supervision d'Allison Kelly, professeuse en psychologie agrégée de l'université.
Pour parvenir à ces conclusions, l'équipe de recherche a suivi 92 étudiantes âgées de 17 à 25 ans. Les participantes ont été invitées à tenir un journal de vie pendant 7 jours d'affilée. Elles ont partagé leur impressions lors d'interactions avec des personnes focalisées sur leur apparence physique et d'autres peu soucieuses de cet aspect.
En se référant aux journaux des participantes, les autrices de l'étude ont analysé leur degré d'appréciation dde leur propre corps avant et après chaque interaction. Elles se sont également intéressées à l'alimentation de ces étudiantes, afin de déterminer si ces dernières mangeaient au gré de leur faim et de leurs envies ou plutôt selon des objectifs de perte ou de prise de poids.
Leurs observations ont prouvé que côtoyer des personnes qui attachent peu d'importance à leur physique produit un effet bénéfique, mais inciterait également à mieux s'alimenter. À l'inverse, fréquenter des gens focalisés sur leur aspect corporel altère le moral et peut favoriser l'apparition de troubles alimentaires.
"L'insatisfaction corporelle est omniprésente et peut avoir d'énormes répercussions sur notre humeur, notre estime de soi, nos relations et même les activités que nous menons", souligne la Pr Kelly. Selon Kathryn Miller, passer plus de temps avec des personnes non axées sur le corps pourrait donc aider à prévenir les troubles de l'alimentation et encourager une alimentation plus intuitive.
"Il est important que les femmes aient conscience qu'elles peuvent produire un impact positif sur leur entourage grâce à la façon dont elles interagissent avec leur propre corps. Si un plus grand nombre de femmes essayait de moins se concentrer sur leur poids et leur morphologie, il pourrait y avoir un mouvement qui modifierait les normes sociétales de l'image corporelle des femmes de manière positive", estime-t-elle.