La consommation d’alcool pendant une grossesse peut-elle être considérée comme un crime ? La question fait débat en Angleterre, alors qu’une cour de justice locale envisage de faire verser des dommages et intérêts à une petite fille de six ans qui souffre d’un retard de croissance important dû la consommation d’alcool de sa mère pendant sa grossesse. Cette maladie, connue sous le nom de syndrome d’alcoolisation foetale, a des conséquences à la fois physiques et mentales sur l’enfant.
Le British Pregnancy Advisory Service et Birthrights, deux organismes de défense des femmes enceintes, ont d’ores et déjà mis en garde contre le danger que représenterait une telle décision de justice, arguant que celle-ci pourrait faire jurisprudence et « réduire sérieusement l’autonomie des femmes pendant leur grossesse ainsi que leur liberté de choix. »
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La prise de médicaments et le type d'accouchement bientôt sous le coup de la loi ?
Elles craignent en effet que cette affaire entraîne la condamnation de toutes les femmes qui consomment de l’alcool pendant leur grossesse. Pire, elles mettent en garde contre les dérives possibles, citant les traitements médicamenteux pris par certaines femmes enceintes ou le choix du type d’accouchement, qui pourraient, à l’avenir, tomber également sous le coup de la loi.
Une autre crainte concerne les mères qui souffrent de dépendance aux drogues ou à l’alcool, qui pourraient choisir d’avorter plutôt que d’être condamnées pour leur comportement à risques pendant leur grossesse.
« L’opinion publique accorde de l’importance à la santé des femmes enceintes et des bébés, mais comme les politiques gouvernementales l’ont admis officiellement depuis longtemps, il vaut mieux traiter la dépendance et l’abus de substances comme un sujet de santé publique que comme un crime. (...) Cette disposition non seulement rogne sur la liberté de choix des femmes enceintes, mais pourrait dissuader les femmes souffrant de dépendance aux drogues de demander de l’aide à des organisation de santé, voire poursuivre leur grossesse, de peur d’être passibles d’une peine. (...) Les professionnels de santé pourraient en outre devenir responsables devant la loi et être forcés de signaler à la police des patientes dont ils s’occupent. », ont déclaré Ann Furedi, directrice du British Pregnancy Advisory Service, et Rebecca Schiller, présidente de Birthrights.
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