Au sein du Gouvernement, outre Jean-Marc Ayrault, dont les jours à Matignon sont comptés, nombreux sont les ministres à essuyer les attaques de la presse et de l’opposition. A ce jeu-là, seuls le populaire Manuel Valls et l’exemplaire Christiane Taubira parviennent à sortir renforcés de la mêlée. A l’inverse, des personnalités telles que Cécile Duflot risquent de ne pas sortir indemnes de l’exercice du pouvoir. Ministre du Logement et surtout patronne officieuse d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Cécile Duflot attise les crispations en accumulant les maladresses et les coups de force.
Politiquement, la ministre du Logement accumule les échecs. Son parti est moribond, rongé par les luttes internes et les départs. Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère ou encore Pascal Durand, qui n’était autre que le secrétaire national d’EELV, se sont tous écartés de Cécile Duflot, dont l’autoritarisme paraît chaque jour un peu plus criant. Au congrès de Caen, l’heure devait être à la réconciliation, mais c’est finalement une fidèle de la ministre qui a été désignée pour prendre les rênes du parti.
De fait, Cécile Duflot, aidée de Jean-Vincent Placé, son ex-compagnon et manœuvrier en chef, n’entend pas alléger son emprise. Quitte à détruire le parti écologiste et à enrayer l’effort en matière d’environnement et de transition énergétique. Car, au fond, plus que sur la gestion interne des Verts, Cécile Duflot sera jugée à l’aune de ses résultats en matière écologique, fondement même de l’idéologie à laquelle est elle censée appartenir.
Et concernant ses attributions gouvernementales, force est de constater que le bilan de la ministre du Logement est mince. Incapable de relancer la construction de logements neufs en France, tandis que les demandes de permis de construire ont chuté de 23 % en un an. Sur les 500 000 nouveaux logements promis par le président de la République, seuls 340 000 ont vu le jour. Par conséquent, les prix des loyers, particulièrement dans les grandes villes, ont augmenté de 1 %.
Pour Eric Le Boucher, journaliste et cofondateur de Slate, le constat est sans appel : il s’agit de la pire erreur du quinquennat de François Hollande. « En France, le BTP aurait dû être un moyen de relance très facile. Le gouvernement loupe là, par sa faute, environ un demi-point de cette croissance qu’il attend si impatiemment. (…). Le bâtiment présente en outre deux immenses avantages : il crée beaucoup d’emplois et il fait appel à peu d’importations. Donc il ne creuse pas le déficit commercial du pays ».
Quant au texte phare de Cécile Duflot : la loi ALUR, une fois encore les retours sont assez négatifs. La ministre de Logement, face à la fronde des professionnels de l’immobilier, a même dû reculer sur les points les plus emblématiques de son projet. Mme Duflot est par exemple revenue sur la Garantie universelle des loyers, devenue « optionnelle », et réservée aux locataires gagnant au moins deux fois le montant du loyer. Une garantie donc moins… universelle et ambitieuse.
Et il en va de même pour ce qui concerne la régulation du fonctionnement des syndics de copropriété. Il s’agissait pourtant d’un des points les plus consensuels de la loi ALUR, avec notamment l’instauration de l’obligation d’ouvrir des comptes séparés pour obtenir davantage de transparence. Là aussi, Cécile Duflot a plié. Les copropriétés de moins de 15 logements pourront s’en dispenser. Les premières victimes devraient donc être les copropriétaires pâtissant souvent des pratiques abusives des syndics, tirant profit de l’opacité des règles.
Partenariat productif avec le Parti socialiste, exercice du pouvoir, préparation des élections municipales et européennes après l’échec de la présidentielle, défense de l’environnement et modernisation du logement. Tels étaient les défis de Cécile Duflot qui n’en a pour le moment relevé aucun.