Le suspense s’est évaporé en partie mardi matin, quant au nom du futur Premier ministre. Invité sur RTL, Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) et proche du nouveau Président de la République, a fini par lâcher : « j’ai l’impression que c’est lui », à propos de J.-M. Ayrault, avant d’ajouter : « Je pense qu'il sera nommé tout à l'heure, oui ». M. Jouyet précise tenir sa conviction des médias, « je pense qu'il y a un favori qui est donné par la presse » dit-il, mais également « d'autres sources privées ». J.-P. Jouyet connaît F. Hollande depuis l’ENA. Difficile alors de ne pas vendre la peau de l’ours. La nomination devrait avoir lieu à 16h00.
Si Jean-Marc Ayrault semble faire l’unanimité c’est qu’il réunit bon nombre de qualités nécessaires pour former ce premier gouvernement de début de quinquennat. Il entretient de très bonnes relations avec le nouveau Président, leur communication est facile, un atout que ne partage pas Martine Aubry par exemple.
Sa carrière commencée au PS à 21 ans, démontre un sens des priorités et du rassemblement. Fils d’un ouvrier devenu cadre dans le textile, il grandit à Maulévrier, puis part pour Nantes où il étudie l’allemand, et milite en tant que membre du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, puis du PS. Il devient professeur de collège en 1972, fait partie de la section de Saint-Herblain du PS dont il devient le secrétaire au bout de deux ans. En 1976 il est élu au Conseil général dans le canton de Saint-Herblain, où il siègera jusque 1982. Un an plus tard il devient maire de Saint-Herblain, commune de plus de 30 000 habitants. Il intègre le comité directeur du Parti socialiste lors du congrès de Metz en 1979, trois ans plus tard, il entre au bureau exécutif national.
En 1989 il donne une majorité de gauche à Nantes. Il sera réélu à trois reprises en tant que maire de la ville en 1995, 2001 et 2008. Très porté sur la culture, J.-M. Ayrault est salué pour les évènements qu’il a créés comme « La Folle Journée » ou le « Festival des 3 Continents », et pour son action dans l’urbanisme local.
En 1997, il devient président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Mais la même année, une ombre apparaît au tableau de l’élu. Pour avoir favorisé un chef d’entreprise proche du PS il est condamné à six mois de prison avec sursis et 30 000 francs d'amende. Il avait octroyé le marché d'impression du journal municipal nantais à Daniel Nedzela, sans appel d’offres ni mise en concurrence. Un contrat évalué à 6 millions de francs. Il a bénéficié depuis d'une réhabilitation de plein droit.
En 2007, il avait manifesté son soutien à Ségolène Royal, et en tant que proche de François Hollande, il s’est rallié à sa candidature dès les primaires socialistes de 2011. D’après ses proches collaborateurs interrogés par l’Express, J.-M. Ayrault colle tout à fait à la ligne de conduite d’un président « normal ». Pour Pascal Bolo, adjoint aux finances à la mairie de Nantes, J.-M. Ayrault « c'est l'anti-esbrouffe total, il n'y a pas moins bling-bling que Jean-Marc Ayrault », confie-t-il, décrivant un homme « réservé », « timide », qui « adore se balader en montagne avec son camping-car ».
Pour le Président investi aujourd’hui, Ayrault et sa culture de germaniste représentent un atout de taille à l’aube de ces « 100 jours », pour amadouer la chancelière Angela Merkel.
Crédit photo : AFP
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