On aurait pu penser qu'en 2015, avec les récentes avancées en matière de droits des femmes et de parité en entreprise, tous les employeurs se montreraient soucieux de faire respecter l'égalité professionnelle dans leur entreprise, en particulier lors des recrutements de nouveaux collaborateurs.
Hélas, tout n'est pas encore gagné. C'est ce que montre l'expérience récemment tentée par le cabinet britannique basé à Londres Thomas Mansfield. Spécialiste du droit du travail, il a demandé à de récents diplômés de 20 universités britanniques quelles étaient les questions déplacées ou offensantes jamais posées par des recruteurs lors d'entretiens d'embauche.
Les réponses fournies par les postulants sont édifiantes : entre la jeune femme qui s'est vu conseiller de "se maquiller la prochaine fois", celle à qui l'on a demandé si elle avait des enfants, ou encore celle à qui un recruteur a osé demander quelle était son sentiment à l'idée de "sortir avec un collègue" certaines questions posées en entretien sont ouvertement sexistes.
Mais aussi racistes ("Retournerez-vous un jour travailler en Jamaïque ?", posée à une Française) ou simplement déplacées ("C'est un suçon sur votre cou ?", à un homme avec une tache de naissance).
Interrogée par The Independent , Julie Goodway, avocate chez Thomas Mansfield, explique : "Malheureusement, les expériences de ces jeunes femmes sont loin d'être une exception. On nous demande souvent comment répondre à ce genre de questions en entretien d'embauche."
Si lors d'un entretien d'embauche, un recruteur vous pose une question indiscrète ou interdite par la loi, plusieurs options s'offrent à vous : vous pouvez choisir de refuser de répondre à sa question et de lui faire valoir que celle-ci sort du cadre légal de l'entretien d'embauche.
Il est cependant généralement difficile, lorsque l'on est face à un recruteur, d'émettre un refus de réponse catégorique. Vous pouvez alors l'éluder, en lui demandant si cette dernière a un rapport avec vos aptitudes professionnelles ou avec le poste proposé.
Enfin, si vous n'osez pas vous opposer et décidez de lui mentir, parce qu'il s'agit d'une question personnelle ou jugée discriminatoire, l'employeur ne pourra vous sanctionner ou vous licencier sur le motif que vous n'avez pas dit la vérité.
Si vous avez été victime de discrimination à l'embauche, il existe des recours. Vous pouvez saisir le Conseil des prud'hommes, qui appréciera si la question qui vous a été posée en entretien avait, ou non, un lien avec le poste proposé.
Vous avez également la possibilité de porter plainte auprès du procureur de la République, de l'inspection du travail, de saisir le Défenseur des droits (la Halde) ou la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Enfin, n'hésitez pas à vous renseigner auprès de service des Ressources Humaines de votre société, certaines entreprises disposant d'alertes professionnelles internes.
Si vous parvenez à apporter la preuve de la discrimination dont vous avez fait l'objet, l'auteur de celle-ci encourt jusqu'à trois ans de prison et est passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 45 000 euros.