"Respect Ramadan No Bikinis". Voilà le message inscrit, samedi 20 juin, sur une grande pancarte en tissu noir par un groupe de surfeurs d'Agadir de la plage d'Anza, sommant les touristes qui viennent se masser sur les plages marocaines de ne pas se dénuder durant le Ramadan qui a débuté le 18 juin dernier. Si l'initiative a beaucoup fait parler sur les réseaux sociaux, sur lesquels conservateurs et libéraux n'ont pas manqué de s'écharper, elle n'a pas été du goût des professionnels du tourisme et des autorités.
En effet, le tourisme est l'un des secteurs clés du royaume et représentait, en 2013, 8% du PIB marocain, générant, selon les données du ministère du tourisme , quelque 57,2 milliards de dirhams (soit 5,3 milliards d'euros). "Ce genre d'initiative pourrait décourager ces touristes qui ont l'intention de visiter le Maroc", déplore dans les colonnes du Morocco World News un professionnel du secteur, sous couvert d'anonymat.
L'injonction anti-bikini faite aux femmes à l'entrée de la plage a rapidement été retirée par les autorités locales, après que le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, a formellement condamné l'initiative prise par le groupe de surfeurs. "Personne n'a le droit de faire la loi à la place des pouvoirs publics. Nous n'admettrons jamais ces comportements inacceptables de personnes qui s'érigent en justiciers de la morale et de la vertu", a-t-il déclaré à Medias 24. Et d'ajouter que les pancartes avait été confisquées et les jeunes hommes concernés identifiés, lundi 22 juin.
Cette campagne anti-bikini intervient quelques jours seulement après l'arrestation de deux jeunes femmes, le 14 juin dernier, au souk d'Inezgane, près d'Agadir, pour "atteinte aux bonnes moeurs". Le crime de ces deux coiffeuses : porter une jupe en faisant le marché. Les femmes d'une vingtaine d'années ont été interpellées par les autorités locales, puis remises en liberté, mais sont poursuivies par le tribunal devant lequel elles ont comparu. La première audience du procès est prévue le 6 juillet.