C'est sous un tonnerre d'applaudissements qu'Aissatou Diallo Sagna, aide-soignante, a reçu le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour avoir donné vie à son métier si difficile dans La Fracture de la réalisatrice Catherine Corsini. Un long-métrage sur une France en plein mouvement des gilets jaunes, qui raconte une nuit de tension dans le service des urgences d'un hôpital parisien.
Ce soir-là, des dizaines de manifestant·es s'y ruent après une mobilisation qui a "dégénéré", décrit l'AFP. Au fil des heures, on y aborde violences policières, manque de moyens, soignant·es qui croulent sous les arrivées de patient·es... Des sujets qui n'ont rien de fictionnels, et qu'Aissatou Diallo Sagna ne connaît malheureusement que trop bien.
Après avoir salué "le risque" pris par la réalisatrice en lui donnant davantage d'envergure dans le film que le simple rôle de figurante auquel la comédienne non-professionnelle s'attendait, elle a conclu en s'estimant être "la preuve vivante" qu'il faut continuer à croire qu'il "peut se passer de belles choses", peu importe "sa couleur de peau, d'où on vient". Et n'a pas oublié de dédier le prix à ses collègues soignant·es.
En coulisses, Aissatou Diallo Sagna, 39 ans, a scandé : "Ce César, il est à nous, les soignants !", rapporte l'AFP. "C'est notre récompense". Et d'ajouter : "Mardi, je serai à mon poste. Je suis une wonder woman : je peux continuer mon métier et tourner aussi. Ce n'est pas incompatible", a-t-elle confié, précisant que renouveler l'expérience du cinéma lui plairait.
Mais la réalité n'attend pas. "J'ai trois enfants à la maison et des factures à payer. Je dois continuer à travailler. Je suis comblée ce soir : j'ai un nouveau bébé ! Ce César, c'est comme un bébé."
"J'ai une grosse pensée pour mes collègues soignants. Ils m'ont soutenue depuis le début, tous comme les soignants qui étaient avec moi sur le film", a insisté Aissatou Diallo Sagna. Et pour cause, au-delà de former un corps de métier indispensable et d'oeuvrer au quotidien dans des conditions extrêmement difficiles, ce sont aussi ses consoeurs et confrères qui l'ont poussée à sauter le pas du casting.