A 30 ans, Niloufar Ardalan est considérée comme la meilleure joueuse de football de l'équipe nationale d'Iran. Une popularité et un talent qui lui ont permis de devenir capitaine de ce collectif. Cette place de choix lui garantissait son ticket pour la Malaisie jeudi prochain afin de participer au Championnat d'Asie de l'Ouest de football. Malheureusement pour l'athlète iranienne, sa motivation et son engagement ne seront pas suffisants pour faire changer la décision de son mari.
Dans ce pays où la dictature religieuse impose ses lois depuis la révolution islamique de 1979, les femmes sont en effet soumises au bon vouloir de leur mari lorsqu'il s'agit de se déplacer à l'étranger. Et le prétexte invoqué par l'époux de la footballeuse pour l'empêcher de s'envoler vers la Malaisie est tout bonnement hallucinant...
Comme partout dans le monde, les vacances d'été sont bien finies en Iran et c'est l'heure de la rentrée des classes pour les enfants. Le mari de la championne, apparemment incapable de conduire son fils à l'école, exige que Niloufar soit donc présente pour s'en occuper. Une situation proprement révoltante pour cette athlète, qui a largement gagné le droit de conduire son équipe en Malaisie. Et il faut croire que les relations entre les deux époux sont tendues depuis cette annonce, puisque Niloufar n'a pas hésité à s'exprimer dans la presse sur le sujet.
La footballeuse a ainsi expliqué à Nasimonline : "Mon mari ne m'a pas donné mon passeport donc je ne peux pas prendre part à cette compétition et à cause de son opposition à mon voyage à l'étranger, je manquerai les matches. J'espère que les autorités trouveront une solution pour autoriser les athlètes féminines à défendre leurs droits dans ce genre de situation."
Celle que l'on surnomme affectueusement "Lady Goal" ajoute : "Ces jeux étaient extrêmement importants pour moi. En tant que femme musulmane, je voulais réussir pour que le drapeau de mon pays s'élève dans les airs, et non partir pour m'amuser !"
Une loi inflexible qui porte atteinte aux droits les plus importants des Iraniennes, comme le rappelle Shadi Sadr, directrice de l'association Justice for Iran et activiste féministe, au micro de radio Free Europe :
"Cela montre dans quelle mesure cette loi peut impacter sur la vie d'une femme. Même si elle atteint les plus hauts rangs dans les domaines de la politique, du sport ou de la culture, une femme a toujours besoin du consentement de son mari pour ce qui constitue l'un de ses droits les plus fondamentaux, celui de voyager."
Élu en 2013, le président Hassan Rohani avait alors promis que sa victoire était celle de "la modération contre l'extrémisme". Une promesse bien difficile à tenir, au regard de l'influence super puissante du pouvoir religieux en Iran. Cette semaine encore, le chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Sadegh Larijani, a d'ailleurs menacé de confisquer les voitures des femmes "mal voilées"...