Au départ, le constat d'un manque d'intérêt pour la discipline. « Je voulais démarrer un club des filles qui codent parce qu'elles ne s'y intéressaient pas beaucoup », explique la jeune Ava, interrogée par The Daily Dot. Depuis plusieurs mois, la petite fille de 11 ans s'émerveille devant les possibilités qu'offre le langage informatique. Programmes, jeux vidéos, applications... La développeuse en herbe perçoit déjà tout le potentiel que renferment les HTML, Python et autres Ruby.
Dans son collège de Twin Falls dans l'Etat de Washington, Ava Brodie a été sensibilisée à la programmation de façon limitée, notamment durant les cours de maths. « En classe, toutes les filles disaient 'je ne veux pas être ici, j'ai hâte que ça se termine'. Mais je veux essayer et intéresser plus de gens en les aidant à apprendre tout ce que la technologie peut nous offrir », ambitionne déjà la jeune élève.
L'idée de son club est simple : diffuser l'idée que l'informatique n'est pas réservée qu'aux garçons, en incitant ses camarades à découvrir ensemble les différents langages de programmation et à améliorer leurs compétences en matière de technologie. La fillette espère que l'ambiance féminine offrira à ses amies un cadre détendu, propice à l'apprentissage.
Une lutte contre les préjugés qui, au-delà du simple projet scolaire, s'avère essentielle tant les disparités dans ce domaine sont encore criantes. « L'inégalité des genres en matière de technologie démarre très tôt, bien que ça n'ait pas toujours été le cas », rappelle en effet The Daily Dot. « En 1985, 37% des étudiants en science de l'informatique étaient des femmes. Aujourd'hui, ce chiffre est tombé à 18% », précise le site spécialisé.
Mais les stéréotypes ne font pas peur à la jeune Ava Brodie, qui en tire au contraire une motivation supplémentaire et ambitionne de devenir un jour programmeuse ou ingénieur. Pour mettre toutes les chances de son côté et préparer au mieux la création de son club, l'écolière s'est rendue le 29 janvier dernier au Tech Superwoman Summit de San Francisco, un rassemblement dédié aux femmes travaillant ou souhaitant travailler dans l'univers informatique. Reçue comme une invitée très spéciale, Ava a pu interroger les participants et leur parler de son projet.
Ava Brodie en compagnie d'Yvonne Cagle, astronaute à la NASA.
Un projet qui fait d'ailleurs écho à de nombreuses initiatives à l'échelle nationale. Depuis 2014, plusieurs structures associatives soulignent l'importance de l'accès des femmes et jeunes filles au code. Parmi elles, Women Who Code, Code for America, Girls Who Code, Girl Develop It, ou encore Black Girls Code, dont la fondatrice Kimberly Bryant, présente au Tech Superwoman Summit, s'est alarmée de la faible représentation féminine dans cet univers : « Nous n'avons pas encore assez de filles intéressées par le code. Les dernières données publiées montrent que ce chiffre est encore en déclin, bien que l'intérêt pour les sciences de l'informatique soit lui en train de s'accroître ».
Poursuivant le même objectif, l'association Code.org avait créé en 2014 un jeu d'apprentissage, avec les personnages de « La Reine des neiges ». L’exercice, disponible en français, dure une heure et permet aux enfants d'appréhender les bases du code informatique de manière ludique. « Quand les filles sont au lycée, elles sont influencées par les stéréotypes qui induisent que la programmation informatique n’est pas pour elles. Quand elles ont 8 ans, elles n’ont aucune idée préconçue sur qui doit apprendre le code ou pas », avait alors expliqué au Time Hadi Partovi, le cofondateur de Code.org.
Revenue de San Francisco, Ava Brodie a désormais toutes les cartes en main pour créer son club, et semble plus décidée que jamais : « Je vais poursuivre mes efforts et finirai par ne plus être intimidée par cela, parce que je peux faire tout ce que les garçons veulent faire ».