Il y a 2 ans, j'ai touché le fond en coupant l'oreille du doudou de ma fille, c'est comme si mon corps m'avait fait comprendre que je devais changer mon comportement pour reprendre les rênes de ma vie.
A ce moment-là, j'ai fait le point de tout ce qui ne me convenait pas dans ma vie.
Je me suis rendue compte que ce qui me consumait, un plus plus chaque jour, était cette porte de disponibilité que je laissais ouverte en grand, à toutes les sollicitations extérieures. J'entends par là, la possibilité que j'avais laissée à mes proches, mon équipe et ma hiérarchie de pouvoir se reposer sur moi pour tout et n'importe quoi.
A la maison, après ma journée éprouvante de travail, où j'avais fait mon maximum pour répondre aux attentes de chacun, je retrouvais mon mari et ma fille qui comptaient sur moi pour l'organisation de la soirée.
Et la première phrase à laquelle j'avais droit était la fameuse "on mange quoi, ce soir ?" à laquelle j'avais tellement envie de répondre : "Ben t'as prévu quoi, toi ?". Sauf que je n'osais pas la dire parce que gérer mon foyer était gratifiant pour moi.
J'étais dans la maîtrise totale du bien-être de mon foyer, je pourvoyais à son besoin primaire de manger et de bien manger. Mais le fait d'avoir à penser chaque jour à ce "foutu repas du soir" me prenait vraiment la tête et, plus les jours passaient, plus je ressentais une grosse boule de frustration et de colère vis-à-vis de ce que, finalement, je m'étais imposée de vivre, pour assouvir mon besoin de contrôle.
Et si un soir, je revenais sans avoir pensé aux céréales du lendemain matin pour ma fille, je me sentais tellement nulle. Et pourtant, j'aurais bien pu y penser entre ma réunion de 11h, le rush du service, le poulet et le papier toilette, non ?
Le repas du soir n'était que la partie visible de mon iceberg, celui que je m'étais bien construit, toute seule.
J'avais aussi pris à ma charge, pendant mon congé maternité, tout ce qui concernait la vie de ma fille : inscriptions, paiements, rappels vaccins, consultations en tout genre, activités péri-scolaires, vêtements, chaussures, goûters, anniversaires (les siens et les cadeaux pour les copines), organisation des vacances chez les grands-parents et billets de train, idées de sorties...).
Avec le recul, ce n'est pas parce que mon mari n'en était pas capable mais parce que je voulais tout gérer toute seule pour très certainement nourrir mon gros besoin de reconnaissance. Sauf que je n'avais pas forcément de reconnaissance puisque personne d'autre que moi ne m'avait demandé ce surinvestissement, cet omni-contrôle.
J'avais l'impression que ma tête était prête à exploser, que j'avais un petit vélo à l'intérieur qui s'excitait à faire des tours et encore des tours dans mon cerveau.
A aucun moment je ne me suis posée pour faire le point et me poser les questions fondamentales :
Est-ce que ce que tu fais est bon pour toi ?
Est-ce que cela te convient ?
Pour quelles raisons t'imposes-tu cela ?
Qui d'autre que toi t'as demandé de tout prendre à ta charge ?
Les autres sont-ils vraiment dans l'incapacité d'assumer des choses que tu gères ou est-ce toi qui t'en convaincs toute seule ?
Et si on se décidait enfin à être plus sympa avec nous-même ?
Retrouvez la plume de Sandrine Joineau sur son blog "au Bonheur des Working Mums"