Selon le Courrier International, la télévision centrale chinoise a diffusé vendredi une vidéo montrant Gao Yu, visage flouté, qui exprime ses « profonds remords » et accepte la « sanction juridique » qui l'attend. Comme nous vous en parlions il y a deux semaines, Gao Yu avait participé aux manifestations de la place Tian'anmen de mai à juin 1989. Elle avait également utilisé sa plume pour dénoncer le massacre commis par le gouvernement pour étouffer la contestation. Cela lui avait valu de passer de nombreuses années en prison. Depuis, Gao Yu se bat pour que la mémoire de cet événement tragique ne disparaisse pas - envers et contre le rouleau-compresseur de la censure exercée par le gouvernement chinois sur cette question.
« Je considère que mes actions ont contrevenu à la loi, et mis en danger les intérêts nationaux. J'ai commis une grosse erreur. Cette expérience m'a sincèrement et sérieusement appris une leçon, et j'avoue ma culpabilité », a expliqué d'une voix hésitante et monocorde Gao Yu, dans un exercice d'auto-critique vraisemblablement conditionnée par la douzaine de jours de détention, d'interrogatoires, et de torture qu'elle a dû subir. Selon le journal Libération, qui cite un opposant « On s’attend dans les semaines qui viennent à des centaines d’arrestations et mises en résidence surveillée ». Pour le journal, l'exercice mené avec Gao Yu est un avertissement visant à montrer que le gouvernement a les moyens de faire plier même les esprits les plus rebelles.
En réaction à cette arrestation, plusieurs personnalités à travers le monde ont réagi, et appelé la Chine à libérer Gao Yu. On peut citer l'éditorial de Peter Linbourg, patron du géant allemand des médias Deutsche Welle, qui a « exprimé son inquiétude » après une arrestation et une « confession fantoche » à la télévision chinoise « faisant fi de la dignité humaine ». Et d'ajouter: « Gao Yu a droit à un procès juste selon la règle de Droit ». Peter Linbourg a ensuite tendu la main aux opposants chinois: « Deutsche Welle construit des ponts pour comprendre, et souhaite plus de dialogue avec la Chine […] ce qui inclut le fait de donner aux auteurs critiques une voix, même si ils n'ont pas le droit de publier en Chine ».