Le décret est paru jeudi 27 août au Journal officiel : la pilule sera remboursée à 100 % par l'Assurance maladie pour les moins de 15 ans. Jusque-là, la contraception gratuite concernait seulement les 15-18 ans. Désormais, les jeunes filles qui souhaitent y avoir accès n'auront désormais plus à débourser un centime, quel que soit leur âge, et bénéficieront d'un anonymat complet (un numéro d'inscription au répertoire NIR permettra de garantir la confidentialité des consultations et des prescriptions, précise Le Parisien).
Une mesure entrée en vigueur vendredi 28 août, qui entend faire baisser le taux d'avortement des mineures. "Chaque année, près de 1000 jeunes filles de 12 à 14 ans sont enceintes en France. Parmi ces grossesses, 770 se concluent par une IVG", rappelait ainsi le gouvernement fin 2019, pour justifier sa mise en place. D'ailleurs, le taux de recours à l'IVG a nettement baissé chez les 15-18 ans depuis 2013 (date à laquelle la pilule leur est devenue gratuite), passant de 9,5 à 6 pour 1000 entre 2012 et 2018, rapporte Le Monde.
Un net progrès, et une décision saluée par de nombreux·se·s soignant·e·s. Certain·e·s, cependant, temporisent : il est indispensable de l'accompagner d'un enseignement digne de ce nom, et d'un suivi médical rigoureux.
"C'est génial comme nouvelle", se réjouit Gilles Lazimi, généraliste au centre de santé de Romainville (Seine-Saint-Denis), au Parisien. "Cela fait des années que nous poussons pour que cette mesure soit validée." Le médecin insiste sur l'importance du décret d'un point de vue sanitaire : "Quand la sexualité arrive, il faut avoir la possibilité de se protéger correctement et d'être suivie par un professionnel, d'autant plus qu'il y a de moins en moins de plannings familiaux".
Pour Nasrine Callet, gynécologue à Paris, il est toutefois nécessaire d'accompagner la patiente au-delà de la prescription. "C'est bien, parce que c'est gratuit et que ça rend service aux jeunes filles, mais la pilule est avant tout un médicament et il faut faire une éducation à la sexualité en amont", martèle la spécialiste au quotidien. "Il faut qu'il y ait des garde-fous. A 13 ans, les ovaires ne sont pas toujours bien fonctionnels, il faut attendre que ce soit le cas pour s'engager dans la prise d'une pilule."
Reste à s'assurer d'obtenir une protection adaptée à chacune, et de la mise en place d'une éducation sexuelle bienveillante et inclusive qui ne se limite plus à quelques heures annuelles. A bon entendeur...