Marion Cochard : L’objectif est de limiter l’effet d’aubaine. C’est-à-dire éviter que les entreprises recrutent à moindre coût des emplois qu’elles auraient créés de toute façon. En effet, dans le secteur marchand, on estime que sur 100 contrats aidés signés, seuls 20 à 40 sont réellement nés de l’instauration de la mesure. Or, on sait que les grandes entreprises ont plus de moyen que les autres, elles ont donc moins besoin de cette aide. Et, l’effet sur l’emploi sera plus important si on cible d’abord les petites et moyennes entreprises. Mais il s’agit aussi là de limiter l’effet de substitution : c’est-à-dire empêcher qu’une entreprise recrute un salarié jeune à moindre coût là où elle avait prévu un salarié expérimenté.
M. C. : La pénalité pour les entreprises concernera la suppression des allègements de charge, en totalité ou peut-être en partie. Aujourd’hui, cela correspond à 2 000 euros pour un employé embauché au Smic. Mais, en réalité, les contrats de génération seront très faciles à appliquer pour une grande entreprise. La pré-retraite a disparu et le taux d’activité des seniors ne fait qu’augmenter, ce ne sera donc pas compliqué de mettre en place des binômes. Toute la question maintenant est de savoir si les entreprises joueront le jeu en matière de formation et d’accompagnement…
Dans les petites entreprises, il est beaucoup plus difficile de trouver un senior, quant aux artisans, il était nécessaire que les chefs d’entreprise puissent s’y substituer. Le ciblage sur les PME est donc une bonne chose et va à mon avis permettre d’éviter les effets d’aubaine. Mais en revanche, pour moi, si l’aide est forfaitaire, à 2 000 euros pour tous les jeunes embauchés quel que soit leur salaire, la mesure sera limitée. Il faudrait, à mon avis, cibler sur les bas salaires, plus sensibles au coût du travail. Au total, nous avons estimé (l’OFCE, ndlr) que sur 500 000 contrats signés, il y aura réellement entre 50 000 et 100 000 création d’emploi. Un chiffre plus proche des 100 000, si le gouvernement décide de cibler sur les bas salaires.
Crédit photo : Hemera
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