La Monica Geller de Friends est devenue une "femme-chat". A 52 ans, Courteney Cox affiche l'allure étrange de ces stars qui ont cédé aux sirènes de la chirurgie esthétique : pommettes trop lisses, bouche "jokerisante", yeux exagérément étirés. Le visage racé de la belle brune a été remodelé par le Botox. Parce qu'à Hollywood, c'est sale de vieillir.
"Il y a une vraie pression pour maintenir son physique, pas simplement à cause de la célébrité, mais en étant une femme dans ce business. Vieillir n'est pas la chose la plus facile."
C'est une Courteney Cox sans fard qui se confie à l'aventurier Bear Grylls dans l'émission Running Wild With Bear Grylls. Là, emmitouflée dans sa parka en pleine nature, elle s'ouvre sur le temps qui passe et sur la difficulté d'être une femme qui prend de l'âge dans une industrie obnubilée par la jeunesse. "Je crois que j'ai essayé de gérer le fait de vieillir et que j'essayais d'y échapper (...) Et puis soudain, tu regardes une photo de toi et tu te dis : 'Oh mon dieu, je suis affreuse'. J'ai fait des choses que je regrette et heureusement, il y a certaines interventions qui ne durent pas et vont disparaître. C'est une bonne chose car cela n'a pas toujours été mon meilleur look..."
Avec une sincérité désarmante, la star de Friends revient sur le lynchage populaire, sur la cruauté de ces "haters" qui se repaissent de sa transformation physique. "Les gens peuvent être vraiment méchants, maintenant qu'il y a tous ces réseaux sociaux. Les commentaires... Si je veux me sentir vraiment mal, j'ai juste à cliquer sur les commentaires sur Daily Mail."
Ces confessions émouvantes interviennent alors qu'une autre star du début des années 2000, Renée Zelwegger, actuellement en pleine promo pour Bridget Jones 3 (sortie le 5 octobre au cinéma), doit elle aussi faire face aux "avant-après" outrés et aux commentaires moqueurs sur sa métamorphose physique ("Méconnaissable", "Elle ne ressemble plus du tout à ça", "Ridée et fatiguée"). Dans une tribune cinglante publiée dans le Huffington Post en août dernier, la Texane de 47 ans dénonçait : "En octobre 2014, un article de tabloïd racontait que j'avais probablement eu recours à la chirurgie pour transformer mes yeux. Ce n'est pas grave.(...) Mais c'est devenu un catalyseur pour mon inclusion dans de nouvelles histoires légitimées à propos de l'acceptation de soi et de femmes succombant à la pression sociale qui les pousse à être et à vieillir d'une certaine manière. Ce n'est pas un secret que la valeur d'une femme a été historiquement mesurée par son apparence." La pimpante Bridget Jones victime de "face-shaming" y questionnait notre "appétit collectif à être témoins de gens humiliés par des attaques sur leur apparence et la façon dont cela impacte les jeunes générations et les luttes pour l'égalité."
Renée, Courteney, deux icônes victimes de la pression sociale exercée sur les femmes, les enjoignant à cacher leurs pattes d'oies obscènes. Deux girls next door chéries cramées sur le bûcher des vanités hollywoodien, leurs mutations botuliques livrées en pâture aux objectifs des paparazzis. A l'image de l'autre "friend" Jennifer Aniston (la meilleure amie de Courteney) dont les paparazzis guettent le moindre arrondi de bidon (et qui avait poussé un gueule de gueule il y a quelques mois pour dénoncer "cette surveillance qui confine au sport national et de cette mise au pilori des corps"), ces actrices qui ont eu l'indécence de dépasser la date de péremption des 40 ans sont aujourd'hui scrutées par le regard vorace et souvent féroce du public, celui-là même qui les adulait une décennie plus tôt. Parce qu'elles ont eu le malheur de vouloir inverser les effets du temps, de retendre cette chair qui s'affaissait et que leur visage mutant nous rassure autant qu'il nous effraie. Et si on leur foutait la paix et qu'on adoptait la nouvelle devise de Courteney Cox : "laisser les choses se faire" ?