À 47 ans, Jennifer Aniston est "fatiguée". Fatiguée de découvrir, semaine après semaine depuis quinze ans, les énièmes spéculations que fait la presse people sur un éventuel petit bourrelet et qui pourrait annoncer un début de grossesse. Fatiguée d'être sans cesse jugée sur son physique ("Est-ce un baby bump ou a-t-elle abusé du chocolat ?") et de se voir pressée de tomber enceinte parce que c'est ce que l'on attend des femmes. Et elle le dit.
Dans une longue tribune publiée ce mercredi 13 juillet sur le Huffington Post , l'ex-star de Friends pousse un coup de gueule contre les paparazzis qui violent quotidiennement son intimité en la traquant, elle et son mari Justin Theroux. Avec des mots justes et incroyablement poignants, Jennifer Aniston défend son droit à ne pas avoir d'enfant et de vivre sereinement sa relation sans faire la Une de tous les tabloïds du pays.
"Pour info, je ne suis pas enceinte. Ce que je suis, c'est fatiguée de tout ça. Fatiguée de cette surveillance qui confine au sport national et de cette mise au pilori des corps, ce 'body shaming' qui se déroulent quotidiennement sous couvert de 'journalisme', de 'premier amendement' et d''infos célébrités'."
Bien qu'elle ait jusqu'ici rechigné à "répondre aux ragots" débités par cette "industrie du mensonge", Jennifer Aniston a cette fois-ci décidé de ne plus se taire. Alors que depuis son mariage (puis son divorce) d'avec Brad Pitt, chacune de ses relations a été épiée et décortiquée par les journaux à scandales, la comédienne revendique haut et fort son droit à choisir de ne pas être mère parce que sa vie lui convient très bien ainsi. Et personne n'a le droit de juger ce choix, qui lui est propre. "Voilà mon point de vue sur ce sujet : nous sommes accomplies avec ou sans compagnon, avec ou sans enfant. C'est à nous de décider par nous-mêmes ce qui est beau pour nos corps. Cette décision nous revient, à nous seules. [...] Nous n'avons pas besoin d'être mariées ou mères pour être accomplies. C'est à nous de déterminer, pour nous-mêmes, notre propre 'ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants'.
Surtout, Jennifer Aniston dénonce cette "chosification" du corps des femmes et dont la presse people s'est fait le chantre en épinglant en Une les moindres défauts physiques. Ce "body shaming" incessant, Jennifer Aniston n'en peut plus, elle dont le moindre kilo en trop fait l'objet de centaines d'articles spéculant sur une éventuelle grossesse. Car les femmes, en plus de devoir être des modèles de minceur et de beauté, se doivent aussi évidemment d'enfanter.
"Je suis maintenant fatiguée de faire partie de cette histoire. Oui, je serai peut-être mère un jour, et puisque j'en suis à tout déballer, si jamais ça m'arrive, c'est moi qui vous mettrai au courant. Mais je ne suis pas en recherche de maternité parce que j'aurais l'impression d'avoir raté quelque chose, comme voudrait nous le faire croire cette culture des infos célébrités. Je déteste qu'on me fasse sentir que je suis 'moins que' parce que mon corps change et/ou parce que j'ai pris un burger au déjeuner et que j'ai été photographiée sous un angle bizarre et donc suis susceptible soit d'être 'enceinte' soit d'être 'grosse"."
Ces injonctions au "corps parfait" véhiculées par la presse people ne sont pas sans effet, s'alarme Jennifer Aniston. Partout dans le monde, elles trouvent résonance chez des jeunes filles et jeunes femmes qui, dès l'adolescence, assimilent qu'il faut être mince, être belle et avoir des enfants pour être une femme épanouie et accomplie. Ces injonctions sont dévastatrices sur l'estime que les filles ont d'elles, et il est grand temps que cela cesse. "La chosification et la surveillance que nous imposons aux femmes est absurde et inquiétante. La manière qu'ont les médias de me représenter n'est qu'un reflet de la manière dont nous voyons et représentons les femmes en général, mesurée à l'aune d'une norme déformée de beauté. [...] Des petites filles, partout, les intègrent, passivement ou d'une autre manière. Et ça commence tôt. Le message selon lequel les filles ne sont pas jolies si elles ne sont pas extrêmement minces, qu'elles ne méritent pas notre attention si elles ne ressemblent pas à un top model ou à une actrice sur la couverture d'un magazine est une chose à laquelle nous adhérons tous volontairement. Ce conditionnement, les jeunes filles l'emportent avec elles à l'âge adulte."
Parce qu'elle a osé prendre position en exposant courageusement son désir de non-maternité aux yeux de tous, quitte à s'attirer les foudres d'une certaine presse qui a fait du body shaming son fond de commerce, on ne peut qu'applaudir la tribune de Jennifer Aniston, qui résonne comme une promesse : peu importe les choix que nous faisons, peu importe à quoi nous ressemblons, notre avis compte plus que celui des autres.