Il faut certainement encore beaucoup de pédagogie pour expliquer à certains hommes ce qu'est le consentement. Une pratique née après le mouvement #MeToo et révélée par la journaliste Rachel King le prouve.
Dans l'Evening Standard, elle raconte comment un soir elle contacte un homme avec qui elle a déjà couché, pour passer la soirée avec lui. Pour elle, l'issue de la soirée ne fait guère de doutes.
Il et elle se retrouvent dans l'appartement, à moitié nu·es, quand soudain, son partenaire fait surgir son appareil photo devant ses yeux et lui demande brutalement : "Pourrais-tu dire très vite que tu veux coucher avec moi ?" Là, comme ça, en plein élan.
Elle raconte également l'histoire d'une amie, qui après avoir rencontré une petit star médiatique, est rentrée avec lui de soirée. Alors que tout se passe bien, il sort son téléphone juste avant de passer à l'acte pour lui demander d'enregistrer une vidéo de consentement :
"Il lui a demandé d'indiquer son nom complet, qu'elle était là de son plein gré et qu'elle avait consenti à avoir des rapports sexuels avec lui." Plus romantique, tu meurs.
Ce genre de pratiques est révélatrice de nombreuses choses. Tout d'abord, que ces hommes ne cherchent pas vraiment à comprendre ce qu'est le consentement.
Plutôt que de prendre le temps de filmer une vidéo qui gâche l'ambiance, on peut demander régulièrement à la personne avec qui ont couche si elle va bien, et surtout ce qu'elle veut.
La communication dans le consentement est primordiale ! Il faut se parler et surtout s'écouter. Chacun et chacune sera d'autant plus libre et le sexe n'en sera que meilleur.
Aussi, filmer des vidéos pose la question du moment où elles sont filmées. On peut être d'accord à un moment, et puis ne plus avoir tant envie que ça le moment suivant.
Une vidéo de consentement peut aussi être prise sous la contrainte. On peut également dire "ok" pour une pratique sexuelle dans la vidéo, et s'en voir imposer une autre plus tard sous la contrainte.
La journaliste Rachel King écrit : "Il est facile de comprendre pourquoi il est important d'avoir une preuve du consentement d'un partenaire sexuel. Mais cela implique que ceux qui sont en position de pouvoir sont ceux qui ont besoin de protection, et ce n'est tout simplement pas vrai."
Le média anglaisRefinery 29 a interrogé Clare McGlynn, professoresse de loi de l'université de Durham et spécialiste des violences sexuelles et des abus sexuels basés sur l'image. Elle explique, que si ce genre de preuve arrive au tribunal, cela ne sera qu'une preuve parmi d'autres :
"C'est parce que le consentement est continu et peut être retiré à tout moment. Par conséquent, une vidéo peut enregistrer le 'consentement', mais la situation peut changer et le consentement retiré."
Ce genre de vidéo sous-entend également que les femmes sont des menteuses lorsqu'elles accusent un homme de viol ou d'agression sexuelle. Combien de personnes n'a-t-on pas encore entendu : "Mais elle a fait ça pour se faire connaître, pour détruire un homme ou pour se faire de l'argent !"
Les vidéos de consentement, c'est encore associer les femmes à un préjugé éculé. Plutôt que de s'interroger sur les comportements des agresseurs, la charge revient systématiquement sur les femmes qui les accusent.
Or, on le répète (oui on l'a déjà dit souvent), seulement 10% femmes victimes de viol vont porter plainte.
Alors plutôt que de se poser la question : "comment je me prémunie d'une accusation de viol", il serait plus positif et constructif de se demander, "comment je peux avoir une relation saine avec mon ou ma partenaire ?"