Sur Internet, l'envoi de dick pics, ou photos de pénis, non sollicitées est un fléau qui prospère. En anglais, il a d'ailleurs un nom : le "cyberflashing", ou "cyber-exhibitionnisme", en français.
Une étude réalisée par l'ONG Plan International auprès de 14 000 jeunes filles et jeunes femmes dans 22 pays sur tous les continents, dévoile qu'environ 35 % d'entre elles ont déclaré avoir reçu des "photos ou des images sexuelles ou explicites". Une autre, menée par l'institut de sondage YouGov auprès de 2302 Américain·e·s en 2017, que 70 % des femmes sondées en auraient aussi fait l'expérience.
En France, la loi ne fait pas de différence avec l'exhibitionnisme, que l'article 222-32 du code pénal condamne à un an de prison et 15 000 euros d'amende. Dans d'autres pays d'Europe, les peines encourues pour un tel acte ne sont pas toujours claires, ni spécifiées.
Comme en Finlande, par exemple, l'AFP l'explique, on fait face à un vide juridique. "Le harcèlement sexuel n'est reconnu qu'en cas de toucher, tandis que l'envoi d'images sexuelles n'entrait que dans le champ peu adapté de la loi sur la diffamation", détaille l'agence française. Ou du moins, jusqu'à aujourd'hui.
Un projet de loi, qui doit être présenté au Parlement finnois en 2021, prévoit ainsi de combler cette lacune en adressant précisément le problème, et de durcir les peines prévues dans cette situation. Ladite définition du harcèlement sexuel sera ainsi élargie pour inclure "le harcèlement verbal, par des images ou des messages, en prenant des photos d'autrui ou en s'exposant", indique le ministère de la justice. Selon la gravité des faits, l'expéditeur pourrait écoper du minimum, une amende, ou du maximum, six mois de prison.
"Il peut être difficile d'enquêter sur ce type de délits, comme pratiquement tout ce qui se passe sur Internet", reconnaît Sami Kiriakos, conseiller du ministère de la Justice. "Mais sous certaines conditions, les enquêteurs ont des mesures coercitives à leur disposition pour des agressions sexuelles, notamment l'accès aux données télécoms". Une avancée qui, on l'espère, découragera les auteurs avant l'envoi afin d'épargner aux femmes l'agression que représente le cyber-exhibitionnisme.
La proposition vise aussi à revoir la définition légale du viol, qui correspondra après son vote, à un rapport sexuel non consenti. Aujourd'hui, le texte l'associe uniquement à la menace ou la violence.