La stratégie de communication de DSK risque d’en agacer plus d’un au Parti Socialiste. Après avoir monopolisé l’attention des médias pendant plus de trois mois, suite à son arrestation pour agression sexuelle et viol à New York, voilà que l’ex-ministre, de retour en France depuis dimanche matin, se permet de différer son intervention publique. Poursuivi jusqu’à son domicile Place des Vosges par les journalistes, le couple Strauss-Kahn s’est enfermé en laissant Anne Hommel, proche conseillère en communication de DSK, répondre aux journalistes : M. Strauss-Kahn « s'exprimera dans les 15 jours au maximum ».
DSK monopolise les médias
Cette intervention, dont on ne connaît ni la teneur ni le média, ne manquera pas d’impacter la campagne de la primaire PS, selon des politologues interrogés par l’AFP. Les deux tours des primaires ont lieu en effet les 9 et 16 octobre, et le premier débat entre les candidats est prévu sur France Télévisions le mardi 15 septembre. Pour le politologue Stéphane Rozès (Cap) : « le fait de s'exprimer si peu de temps avant le choix du corps électoral va ramener les journalistes et les médias sur l'affaire DSK alors que les journalistes avaient essayé de se détacher de l'affaire de New York. A nouveau, l'affaire DSK revient », juge ce politologue pour qui cela va « parasiter » la primaire.
Aubry plus visée que les autres
DSK va-t-il enfin donner sa version des faits, comme l’attend de pied ferme l’opinion ? Ou va-t-il intervenir dans le débat sur la primaire ? Quoiqu’il dise, il embarrassera au moins Martine Aubry, souligne Frédéric Dabi de l’Ifop : « il y a le pacte de Marrakech, les atermoiements perçus de Martine Aubry, il y a aussi le fait qu'elle l'ait peut-être un peu lâché. Elle sera plus impactée ».
Benoît Hamon, lui, ne s’en fait pas : « Ca n'impacte pas la primaire. C'est déconnecté de la campagne, peut-être moins pour certains que pour d'autres », tout comme Julien Dray qui glisse sournoisement un pique à la maire de Lille lors du Talk Orange Le Figaro : « Le retour de Dominique Strauss-Kahn gêne moins ceux qui n'avaient pas d'accord avec lui », en allusion au pacte de non agression passé entre le directeur général du FMI et la patronne du PS, Martine Aubry.
15 jours de trop ?
Selon Stéphane Rozès, les propos de DSK arriveront de toute façon trop tard : « C'est une erreur totale. La confession devait précéder les opérations de communication. Le sujet, ce n'est plus l'affront fait à la femme de chambre -c'est réglé judiciairement-, c'est l'affront fait aux Français pour avoir abaissé la dimension spirituelle du futur présidentiable et normalement futur président de la République, à des affaires très temporelles ».
« Il fallait rentrer très discrètement, faire tout de suite l'opération d'explication devant les Français et ensuite renouer modestement avec le pays », estime M. Rozès. Coupable d’avoir rabaissé le débat, l’ancien patron du FMI devrait-il pour autant s’abstenir à jamais ?
L’opinion attend sans doute le dénouement du feuilleton de l’été avec plus d’impatience que les débats au PS sur la règle d’or.
Crédit photo : AFP
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