Les inégalités salariales et financières surviennent avant même le premier emploi. Dès l'enfance et l'adolescence, les biais genrés seraient à la source d'une différence de montant de l'argent de poche. Une étude menée par PixPay, une appli qui donne une carte bancaire aux ados et aide à leur gestion de l'argent, auprès de 90 000 utilisateur·rices soulève justement ce sujet.
"Nous avons créé un labo de data, le teenage lab, qui nous permet de, régulièrement, produire des études sur les habitudes de consommation de nos usagers mais aussi sur l'argent de poche versé par les parents grâce aux données dont nous disposons", développe Caroline Menager, cofondatrice de la néobanque, auprès de Libération. "On a voulu savoir, à l'occasion de la journée des droits de la femme, si garçons et filles étaient traités équitablement en matière d'argent de poche." Force est de constater que non : le rapport révèle que l'écart moyen est de 4 euros mensuels en faveur des garçons, et celui-ci se creuse au fil des années.
Ainsi, si la tendance s'inverse très légèrement entre 12 et 14 ans (32 centimes en faveur des filles), l'enquête rapporte que 5 euros de plus sont attribués aux adolescents entre 14 et 16 ans, puis dix euros entre 16 et 18 ans. Des disparités qui évoluent en fonction des régions. En Normandie et en région PACA, on atteint une égalité quasi parfaite, mais parallèlement, le Centre-Val de Loire, et la Bourgogne-Franche-Comté enregistrent respectivement 12 et 17 euros en plus par mois pour les garçons.
Considérable.
La raison derrière ces inégalités ? "Nos pistes d'explication sont liées aux échanges que nous menons avec parents et ados pour essayer de mieux comprendre les usages sur Pixpay", décrit encore la cofondatrice. "D'après la plupart des parents avec qui j'ai pu échanger, les garçons sont régulièrement demandeurs d'une augmentation de leur budget, ce qui n'est pas le cas des filles". Un comportement qui se retrouve plus tard, lors des négociations de salaires.
Caroline Menager identifie également un paradoxe : les parents feraient davantage confiance à leurs fils avec la gestion de leur argent de poche, quand bien même leurs filles sont plus enclines à mettre de côté. Ces dernières sont les utilisatrices majoritaires (61 %) de la fonction épargne de la plateforme. Conséquence directe d'avoir moins de budget, et donc de devoir davantage le surveiller ? Une chose est sûre, ces chiffres en disent long sur les différences de traitement filles-garçons au sein même des familles - et leurs conséquences dans la société.