Le colloque « Egalité Femmes-Hommes et partage du pouvoir économique », organisé par GDF Suez et l’institut Présage, a donné lieu le 6 mars à une réflexion passionnante sur l’égalité des sexes, et ses enjeux, notamment économiques et politiques.
« Il faut comprendre pour que cela change vraiment, » a déclaré Richard Descoings, le directeur de Sciences Po, en guise d’introduction. Et de rappeler que dans la célèbre institution de la rue Saint-Guillaume, 60% des étudiants sont de sexe féminin : « pas facile de leur expliquer que leur avenir est déjà calculé ! »
Geneviève Fraisse, philosophe et directrice de recherche au CNRS, prend la parole sur le thème « L’année 2011, un laboratoire du féminisme ». Mais avant de revenir aux événements de l’année dernière, elle note 3 campagnes initiées en ce début 2012 par des associations de défense des droits de la femme, sur le thème de l’humour, qui est la « politesse du désespoir ».
Pour ce qui est de 2011, elle revient sur l’affaire du Sofitel, « une séquence zéro humour » selon G. Fraisse, « qui pose la question du rapport entre service et démocratie, du lien entre l’égalité des femmes et la pensée de la hiérarchie, et de la frontière entre le privé et le public ». Pour G. Fraisse, 2011 a sonné l’heure du renouveau du féminisme en France, grâce à une plus grande lisibilité. Elle en vient à la parité, qui est un outil, versus l’égalité, seul principe qui compte et qui est totalement absent de la campagne présidentielle.
S’ensuit une table ronde intitulée « Le sexe du pouvoir : du partage du pouvoir économique », avec Brigitte Grésy, membre de l’Observatoire de la parité, Réjane Sénac, chargée de recherche au CNRS, et Ariane Pailhé, directrice de recherche à l’INED. B. Grésy a tout d’abord pris soin de rappeler que « la question de la gouvernance des femmes s’inscrit dans la question de l’égalité professionnelle ». « En France, elle a pris sens autour de l’écart des salaires, la précarité du travail féminin, et le plafond de verre ». Elle a rappelé plusieurs chiffres « insupportables », dont seulement 3,2% de présidence féminine dans les 600 plus grandes sociétés européennes. B. Grésy a rappelé le cheminement qui a mené à une loi efficace sur les quotas de femmes dans les conseils d’administration, mais elle a rappelé les déficiences au sein des comités exécutifs des entreprises. Elle plaide donc pour une politique de promotion des femmes dans les entreprises, composée de « repérage, travail sur les role models, évaluation des compétences, et objectifs chiffrés d’évolution ». Ariane Pailhé est de son côté revenue sur les chiffres marquants de l’inégalité entre femmes et hommes, notant que « la marche vers l’égalité salariale est en panne », que ce soit pour les femmes avec ou sans enfant.
Quant à Réjane Sénac, elle s’est interrogée sur « comment faire en sorte que la présence soit égale à une reconnaissance en tant que pair ? » La chercheuse s’oppose ainsi à la notion de leadership au féminin et à la notion de complémentarité. En effet, en disant qu’une femme saura diriger différemment, qu’il faut introduire de la diversité dans les conseils d’administration pour améliorer la gouvernance, on « ouvre à la différence par la différence ».
Crédit photo : Lifesize
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