Des femmes à la tête des Etats-Unis, cela existe, oui oui. Dans des séries télévisées comme Veep, House of Cards et Quantico. Bon, dans la vraie vie par contre, ce n'est pas encore le cas. Mais on ne peut pas tout avoir, pas vrai ? D'ailleurs, cela ne semble guère déranger les citoyens américains. Une récente étude menée par l'entreprise Kantar et le Forum mondial des femmes leaders nous apprend que moins de 50 % des Américains aimeraient que leur président soit une présidente. Est-on vraiment surpris à l'heure où l'un des hommes les plus puissants au monde brille par sa misogynie crasse ?
Plus embêtant cependant, seulement 54 % des citoyens (hommes et femmes) s'accordent à l'idée d'une leadeuse à la Maison Blanche. Imaginer une femme présidente des Etats-Unis, c'est donc loin d'être si évident. Peut être parce que cela n'est jamais arrivé ? Allez savoir. Le temps aidant, d'aucuns pensent qu'il suffit peu de choses pour que cette opinion populaire évolue dans le bon sens...
Car les figures politiques iconiques défraient la chronique outre-atlantique. L'on pense bien sûr à la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, oratrice badass et inégalable lorsqu'il s'agit de rabattre le clapet de Mark Zuckerberg en plein Congrès américain. Mais aussi à Elizabeth Warren. On dit que cette grande érudite de l'économie US, que le magazine Time considère comme l'une des cent personnalités les plus influentes du monde, a tout pour devenir la rivale de poids du président Donald Trump lors des prochaines présidentielles. Pas la peine d'attendre 2020 cependant : la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi fait déjà tout pour encourager le processus de destitution du milliardaire sexiste.
Bref, quand bien même Hillary Clinton n'est jamais parvenue à investir la Maison Blanche (si ce n'est dans l'un des épisodes de la série de science-fiction Sliders), les citoyens plus sceptiques feraient mieux de se mettre au goût du jour, car "l'avenir de la politique aux États-Unis est féminin", se réjouit Stylist. Mais Nancy Harrison, PDG de l'entreprise Kantar, n'est pas si optimiste. Au site culturel, elle explique qu'il existe encore "bien des préjugés concernant l'idée d'un leadership politique féminin aux plus hautes fonctions". Un sexisme ordinaire contre lequel il s'agit désormais de lutter.
Et ce n'est pas seulement aux citoyens américains que le message s'adresse. Il serait tout aussi bon que les mentalités évoluent dans l'Hexagone. Même si un sondage mené cette année par l'institut YouGov démontre que 84% des Françaises aimeraient qu'une femme prenne le pouvoir, contre 74% des hommes. Pas si désespérant.
Pourtant, force est de constater qu'en 2019, l'idée d'une femme présidente de la République ne manque jamais de susciter les sarcasmes. Cette perspective reste de l'ordre (là encore) de la pure fiction. D'ailleurs, dans l'excellente série Baron Noir, c'est une femme qui est à la tête de l'Etat (en la personne d'Anna Mouglalis). "La seule chose que les scénaristes de Baron Noir aient écrite et qui ne se soit pas vérifiée, c'est qu'une femme soit élue Présidente de la République...", a constaté la journaliste Elise Lucet en ce sens. "En effet...", lui a rétorqué non sans ironie Ségolène Royal sur Twitter. Des points de suspension qui en disent long sur le chemin qu'il reste à parcourir.