A peine sorti (le 7 mai dernier), l'essai d'Emmanuel Todd intitulé "Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse" crée la polémique. En cause, la vision de l'historien français du rassemblement du 11 janvier suite aux attentats terroristes des jours précédents. Pour le père de "la fracture sociale", cette manifestation n'était en rien une représentation de la solidarité perdue de la population, mais plutôt ce qu'il appelle "un flash totalitaire". Pour lui ce sont les classes moyennes et supérieures qui ont défilé et non les classes populaires.
Manuel Valls a lui même commenté cette sortie à travers une tribune publiée dans Le Monde. Le Premier ministre dénonce "les impostures" du discours d'Emmanuel Todd. Il "ne prend plus aucune prudence avec sa discipline (l'histoire)" et ses thèses "participent d'un cynisme ambiant", précise Manuel Valls.
Si de nombreux politiques ont réagi, du côté de Charlie Hebdo, c'est l'urgentiste Patrick Pelloux qui a pris la parole. Le chroniqueur, en première ligne le 11 janvier après la mort de ses amis et collègues, se dit "insulté" par ce livre. Après l'émouvante accolade entre Luz et Madonna en mars dernier, le Grand Journal de Canal+ recevait l'essayiste pour en parler.
"On se sent insultés parce qu'à aucun moment on ne voit dans son bouquin une condamnation des attentats. On a l'impression que ceux qui sont morts à Charlie finalement méritaient de mourir parce qu'ils étaient dans la liberté d'expression, c'est lamentable", explique Patrick Pelloux. "C'est insulter mes amis qui sont décédés et qui ont été assassinés parce qu'aucun d'entre-eux n'étaient racistes ou islamophobes, c'est dégueulasse de dire ça", conclut-il.
Emmanuel Todd, qui précise avoir été très proche de Bernard Maris, répond que ce n'est pas le sujet de son livre. "C'est évident que ça a été une horreur, a ajouté l'anthropologue, mais ce n'est pas le propos de mon livre. Moi, j'ai essayé de comprendre le sens de cette grande manifestation", précise-t-il.