Obliger les femmes à dévoiler leur visage dans les lieux publics et les institutions gouvernementales : c'est le souhait d'une partie des législateurs égyptiens, qui présenteront au Parlement dans les prochaines semaines une proposition de loi pour interdire le port du niqab en public.
Porté par la coalition de soutien à l'État, cette proposition de loi vise notamment à interdire le port du voile intégral dans les universités et les hôpitaux publics. Elle intervient quelques semaines après que l'Université du Caire eu notamment renvoyé une de ses employées portant le niqab. L'Université a en effet adopté le 14 février dernier une mesure interdisant au corps enseignant aux médecins, aux infirmières et aux étudiants de porter un voile couvrant le visage pour des raisons de sécurité, mais aussi pour améliorer la communication entre élèves et enseignants.
"Chacun a le droit de connaître l'identité de la personne assise à côté de lui ou marchant de la rue", a déclaré au journal Gulf News Akaa Abdel Moneim, porte-parole de la coalition.
Lors des élections qui se sont tenues en 2015, les électrices ont aussi été invitées à retirer leur niqab avant de voter afin de confirmer leur identité et éviter les fraudes.
Si les partisans de la proposition voient dans le niqab un symbole de la montée des conservatismes dans le pays pour la coalition, les opposants, eux, arguent surtout qu'il s'agit d'une volonté d'ingérence de l'Etat de limiter les libertés individuelles.
Une critique que réfute la coalition. "Nous cherchons à répandre un islam modéré", explique à la chaîne ONtv le député Amna Nuseir. "Le port du niqab n'est pas un devoir islamique ... Comment l'Islam a-t-il pu imposer le port du niqab si les musulmans sont déjà enjoints dans le Coran à baisser leur regard ?"
Pour les opposants au projet de loi, ces récentes mesures visant interdire le port du voile intégral font partie d'un plan plus large de répression du président égyptien Abdel Fattah el-Sisi contre les partisans des Frères musulmans. Au pouvoir jusqu'en 2013, la Société des Frères musulmans est notamment accusée de promouvoir un islamisme radical et de jouer un jeu trouble avec les terroristes islamistes.