Alors qu'en France comme dans d'autres pays, le gouvernement participe à l'égalité professionnelle et encourage les entreprises à briser le plafond de verre, les autorités iraniennes, elles, font tout le contraire en imposant un quota visant à exclure les femmes des examens d'accès à la fonction publique.
Considérant en effet que l'Éducation était trop féminisée, le gouvernement du président de la République islamique Hassan Rohani a décidé fin septembre de limiter le nombre de candidates souhaitant devenir enseignantes, rapporte le site américain Al-Monitor. Désormais, seuls 10% des postes seront attribués à des femmes.
Sur les 3 703 postes d'enseignants à pourvoir à 2015, seuls 630 seront proposés à des femmes tandis que les 3 073 autres iront aux hommes. Ce sont les femmes postulant à Téhéran, la capitale iranienne, qui sont les plus discriminées : sur les 190 nouveaux postes créés au sein du ministère de l'Éducation, seuls 6 seront attribués à des femmes.
La limitation du nombre de postes d'enseignement attribués aux femmes n'a rien de fortuit. En février dernier, le ministre de l'Éducation, proche des gardes révolutionnaires iraniens, avait signalé sa "préoccupation" quant à laisser le monopole de l'éducation à des femmes. D'après lui, avoir des enseignantes dans les écoles élémentaires développerait chez les petits garçons un "comportement féminin et de jeune fille". Selon Al-Monitor, cette déclaration est le déclencheur de cette vague de discrimination touchant aujourd'hui les femmes actives en Iran.
Un taux de chômage des femmes record
Cette mise en place de quotas excluant pour les femmes intervient alors que le chômage des femmes atteint des taux record dans le pays. Le 6 septembre dernier, le vice-président pour les femmes et les affaires familiales Shahindokht Molaverdi a publiquement confirmé que plus de 40% des diplômées étaient actuellement sans emploi. D'après les autorités, le taux de chômage des femmes est deux fois plus important que celui des hommes en Iran et toucherait, au total, plus de 3,1 millions d'actifs dans le pays.
Succédant au très conservateur Mahmoud Ahmadinejad, Hassan Rohani avait pourtant suscité les espoirs du peuple iranien lors de sa prise de fonction en août 2013. Plus modéré, soucieux d'apaiser les relations internationales et de faire respecter les droits de l'homme en Iran, il avait notamment déclaré que "la discrimination ne serait pas tolérée" dans son gouvernement et avait promis de mettre fin aux lois discriminatoires appliquées sur le marché du travail et à celle imposant la non-mixité des universités.
Deux ans après son arrivée au pouvoir pourtant, Hassan Rohani déçoit. Dans un entretien accordé à Al-Monitor, Shahla Sherkat, rédactrice en chef du magazine Zanan-e Emrooz (Femmes d'aujourd'hui) récemment interdit en Iran ne cache pas ses regrets. "Honnêtement, les autres les femmes et moi ne comprenons pas pourquoi le gouvernement ne prend pas position sur cette question. Même le vice-président du gouvernement pour les affaires féminines a exprimé des critiques. Ce qui est évident, c'est que le président a donné la priorité à la question nucléaire, à la politique étrangère, à la santé, aux affaires médicales, et dans une certaine mesure à l'environnement, explique-t-il. Dans le même temps, il a les mains liées par la façon traditionnelle de penser, qui est opposée à la présence des femmes dans les lieux publics."