Certaines discussions avec les enfants ne peuvent être évitées. Celle sur le réchauffement climatique en fait partie. Qu'ils posent des questions ou pas, c'est un phénomène auquel ils seront forcément confrontés et qu'il vaut donc mieux, en tant que parents, anticiper.
L'avenir de la planète est déjà l'objet d'inquiétude pour les adultes, qui sont de plus en plus nombreuses et nombreux à souffrir d'éco-anxiété. Les plus petits ne sont pas épargnés, bien au contraire. Choisir les bons mots pour expliquer la situation peut permettre de canaliser leur stress.
Selon un sondage réalisé pour l'ONG américaine Kaiser Family Foundation et le Washington Post, plus de sept adolescents et jeunes adultes sur dix estiment que le réchauffement climatique va nuire à leur génération. Nul doute que cet état d'esprit devrait se propager aux plus jeunes.
Mais comment aborder ce sujet ? Pour 44% des personnes interrogées dans un sondage Yougov pour Le HuffPost, il faut donner espoir aux enfants. Mais, alors que 26% estiment qu'il faut rester neutre et factuel, 24% soulignent qu'il faut les préparer au pire. Seul 1% affirment qu'il ne faut pas leur en parler.
Pour la pédopsychiatre Christine Barois, contactée par Le HuffPost, il faut absolument expliquer aux enfants ce qu'est le réchauffement climatique. "Cela fait partie de leur environnement, il faut toujours dire la vérité aux enfants. Comme auparavant en temps de guerre, il faut leur dire que des choses sont préoccupantes et qu'il faut faire attention", explique-t-elle.
Selon cette spécialiste, rien n'est pire pour un enfant que de se sentir trahi. Pour la pédopsychiatre Coline Stordeur, interviewée par Télérama, c'est d'autant plus important si l'on veut éviter qu'ils découvrent d'eux-mêmes le réchauffement climatique qui "peut être présenté de façon catastrophique dans certains médias, avec l'emploi d'un vocabulaire martial". "Cela peut leur ajouter du stress et de l'angoisse d'entendre 'menace imminente ou alerte rouge' et conduire certains enfants à l'idée qu'ils vont vivre la fin du monde", souligne-t-elle.
La nécessité de prendre les devants à ce sujet étant affirmée, reste à savoir comment l'aborder sans susciter trop d'inquiétude chez les enfants. "C'est une source d'angoisse pour pas mal d'entre eux parce qu'ils ont beau faire des actions à l'école et avec leurs parents, les enfants se rendent compte que ça les dépasse", affirme Gwenaëlle Boulet, rédactrice en chef du magazine Astrapi, interrogée par Franceinfo.
Mais canaliser ces angoisses n'est pas aisé selon Christine Barois, pour une simple et bonne raison : "Nous-mêmes sommes dans l'incertitude. Il faut leur dire honnêtement que nous ne savons pas vraiment ce qu'il va se passer", indique-t-elle.
Si c'est possible, il faut essayer de mettre en avant des solutions, des comportements du quotidien qui permettent à son échelle et à celle du foyer de réduire l'empreinte carbone, selon Lise Van Susteren, une psychiatre américaine interviewée par le New York Times. Cette dernière affirme même qu'il ne faut pas hésiter à inciter ses enfants à participer à des actions bénévoles dans son quartier ou à rejoindre une association, par exemple.
"Essayer de les rassurer en les sensibilisant sans être dans le déni, en leur disant que nous allons faire notre part et être raisonnables dans la mesure du possible" est l'une des manières d'aborder cette discussion, pour Christine Barois.
Même son de cloche chez Coline Stordeur qui estime qu'après leur avoir "fait connaître le problème", il faut "les aider à comprendre qu'il y a éventuellement des solutions et avoir concrètement des idées de petites choses que les enfants peuvent faire pour améliorer la situation en étant acteurs, par exemple trier ses déchets, faire du vélo... cela peut être très rassurant."
En ce sens, le comportement des parents est primordial. Ils peuvent servir d'exemple et donner de l'espoir aux plus jeunes : "S'engager peut donner de l'optimisme aux enfants (...) Il s'agit pour les adultes de les accompagner dans ce climat anxiogène et de les aider à trouver en eux suffisamment d'optimisme pour pouvoir se construire comme il faut, sans développer de troubles anxieux à ce sujet", poursuit la spécialiste.
Lire la suite sur le HuffPost