Comme nous le chante Baloo dans le Livre de la Jungle, "chassez de votre esprit tous vos soucis"! Depuis toujours, on nous assomme de conseils pour être enfin heureuse. Des scientifiques auraient même trouvé la clé du bonheur (et ce n'est pas pas la sécurité financière...). Mais le bonheur n'est-il pas une notion purement subjective ? Être heureux ne veut pas forcément dire que tout va bien dans notre vie. Selon une récente étude publiée dans The Journal of Personality and Social Psychology, ce serait même plutôt le contraire. En effet, les chercheurs affirment que les gens seraient plus heureux en ressentant les émotions qu'ils désirent ressentir, y compris lorsque celles-ci ne sont pas positives.
"Le bonheur ne consiste pas uniquement à ressentir du plaisir et à éviter la douleur. C'est aussi avoir des expériences utiles et significatives. Toutes les émotions peuvent être positives dans certains contextes et négatives dans d'autres, qu'elles soient agréables ou désagréables", explique l'auteur principal, Maya Tamir, professeur de psychologie à l'Université hébraïque de Jérusalem.
Pour les besoins de l'étude, 2 324 étudiants universitaires ont été interrogés dans huit pays différents : les États-Unis, le Brésil, la Chine, l'Allemagne, le Ghana, Israël, la Pologne et Singapour. Les résultats ont montré que parmi les participants, 11 % ont déclaré vouloir ressentir moins d'émotions transcendantes telles que l'amour et l'empathie dans leur vie quotidienne, tandis que 10 % souhaitaient ressentir des émotions plus désagréables, comme la colère ou la haine.
Un peu contradictoire nous direz-vous. Pourquoi vouloir être en colère si on cherche à être heureuse ? Ce n'est, à première vue, pas très logique. En réalité, l'étude menée suggère que le fait de ressentir plus d'émotions, même négatives, serait meilleur pour notre bien-être. "Les sondés ont évalué leur satisfaction de la vie et les symptômes de dépression. Les participants qui ont connu plus d'émotions qu'ils ne le souhaitaient ont estimé être davantage satisfaits de leur vie et pensent présenter moins de symptômes dépressifs, et ce peu importe la nature de leurs émotions", souligne le Pr Tamir.
L'étude met également en lumière les attentes irréalistes que nous pouvons nourrir vis-à-vis de nos propres émotions. "Il y a un désir très fort de se sentir bien tout le temps dans les cultures occidentales, surtout aux États-Unis. Même si ce n'est pas le cas la plupart du temps, ils pensent qu'ils peuvent se sentir encore mieux, ce qui à terme pourrait les rendre moins heureux dans l'ensemble", constate le chercheur. Ainsi, à trop chercher le bonheur on en deviendrait malheureux. Ce qui n'est pas tout à fait saugrenu, en effet. Car si on cherche à se sentir toujours mieux mais sans y parvenir, il y a de fortes chances que l'on en ressorte déçu. Or, on sait que déception ne rime pas avec bonheur.
Ce qu'il faut surtout retenir de cette étude, c'est que le bonheur ne se contente pas des émotions positives. En conclusion, si vous souhaitez réellement être heureuse, ne refoulez pas vos émotions négatives.