« Trempez-les dans l’huile, trempez les dans l’eau »… Plus de deux ans durant, le gang des lessiveurs a écumé les banques du Rhône et mis au point un ingénieux système artisanal pour éviter que les billets de banque qu’ils volaient ne soient maculés de l’encre indélébile contenue dans les mallettes réputées inviolables qui les contenaient.
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Comment s’y prenaient-ils ? Avec une pince, ils faisaient un fine ouverture dans la mallette, avant de la plonger dans 30 litres d’huile alimentaire. Il leur suffisait ensuite d’ouvrir la mallette et de dégraisser les billets à la main avec de l’eau chaude et du liquide vaisselle. En une vingtaine de braquages de banques et de fourgons blindés, ils auraient amassé près 1,5 millions d’euros de butin.
Des figures du milieu lyonnais
Mais si la technique fait penser à la comptine Une souris verte, les gangsters étaient tout sauf des enfants de coeur : le leader, Laurent Cocogne, avait déjà été condamné pour trafic de drogue et était en cavale depuis 1998. Il était le fils de Dédé le Lyonnais une figure du milieu. Avec son beau-frère lui aussi en cavale, Serge Quemin, il emmenait une bande composée de figures du milieu lyonnais dont Jean- Pierre Borys, dit Le Russe, et d’anciens militaires, Hervé Carlier et David Gelée. Deux autres hommes, appelés les sonnettes, officiaient également, sans être armées.
L’aventure de ce gang qui était capable de passer une nuit entière dans le faux parfond d’une banque pour la braquer à son ouverture a pris fin le 30 mars 2006. Ce matin-là, ils opèrent ce qui devait être leur « dernier coup » en braquant un fourgon devant une banque de La Verpillière (Isère). Pris en chasse par des gendarmes, ils abandonnent leur butin et prennent en otage une convoyeuse. Après une course poursuite qui s’est terminée par une fusillade puis un accident, Laurent Cocogne, 38 ans, pointe son arme sur son coeur et tire : il s’était promis de ne jamais retourner en prison.
Le reste du gang s’est retrouvé devant les assises en janvier 2010. Leur ingéniosité avait, durant le procès, impressionné tout le monde et chaque prévenu écope de peines moins lourdes qu’attendu. Tous écopent de peines moins lourdes que prévu. Serge Quemin est condamné à 16 ans de réclusion criminelle. Hervé Carlier prend 12 ans, David Gelée, 11. Borys n’est condamné que pour recel : 8 ans. Les sonnettes prennent 5 ans. La femme de Laurent Cocogne qui était soupçonnée de complicité est pour sa part acquittée.