Aujourd'hui âgé de 67 ans, Francis Evrard a passé plus de la moitié de sa vie en prison. Né le 12 juillet 1946 à Roubaix, ce pédophile multirécidiviste a été jugé neuf fois coupable, emprisonné, puis relâché par les services judiciaires. Lorsqu'il enlève le petit Enis à Roubaix en août 2007, cela fait à peine six semaines qu'il est en liberté, après avoir purgé une peine de dix-huit ans de prison au centre pénitentiaire de Caen pour viol aggravé.
Dès sa jeunesse, Francis Evrard est connu des services de police. Élevé par sa mère, une femme étouffante, « un peu prise du chapeau » selon ses voisins, Francis Evrard est diagnostiqué dès son jeune âge comme atteint de troubles mentaux. Placé dans un établissement spécialisé, puis dans des foyers, il aurait été victime d'abus sexuels pendant son enfance.
Condamné à huit reprises entre 1965 et 2004 pour atteinte à la pudeur ou viol sur mineur, il est néanmoins à chaque fois relâché une fois sa peine purgée. Et récidive, agressant à nouveau un jeune garçon, généralement quelques mois seulement après sa libération.
Le 15 août 2007, le petit Enis Kocakurt, alors âgé de 5 ans, disparaît devant le domicile familial à Roubaix. L'alerte enlèvement est déclenchée, Francis Evrard est rapidement retrouvé et arrêté. Durant son audition, il reconnaît les faits et avoue être l'auteur d'une quarantaine d'agressions sexuelles sur mineurs.
L'arrestation de Francis Evrard provoque l'émotion et l'indignation de l'opinion publique lorsque l'on apprend que le criminel multirécidiviste a enlevé Enis seulement six semaines après être sorti de prison. Un autre élément provoque la colère, et met en lumière les défaillances du système judiciaire et carcéral : alors qu'il devait entamer un traitement hormonal de castration chimique, Evrard est parvenu à acheter, le jour même de sa libération, une boîte de Viagra grâce à l'ordonnance fournie par un médecin de la prison de Caen.
En octobre 2009, s'ouvre le procès de Francis Evrard devant la Cour d'assises de Douai. Décrit par les experts psychiatriques comme « incurable », du fait d'une « conduite pédophile habituelle, profondément ancrée », Francis Evrard plaide sa cause, expliquant être victime de « pulsions » incontrôlables. Quelques jours avant son procès, il écrit au président de la République Nicolas Sarkozy pour demander à être soigné par « ablation des testicules par chirurgie ». Interdite en France, la castration chirurgicale lui est refusée, et Francis Evrard est condamné à 30 ans de réclusion, dont 20 ans de sûreté.
Très médiatisé, son procès a fait l'objet d'une rediffusion sur France 2 en octobre 2010. L'affaire du petit Enis a aussi inspiré la réforme judiciaire de 2008, qui institue la rétention de sûreté pour les criminels les plus dangereux.