C'est ce que l'on appelle jeter un pavé dans la marre. L'espace d'un cinglant thread sur Twitter liké par centaines, le député LFI de la Somme François Ruffin a gratté là où ça dérange : "On en parle du 13e mois (inexistant) des femmes de ménage de l'Assemblée nationale qui nettoient nos bureaux, toilettes et salles de commissions, confinement ou pas, pour 10 € (brut) de l'heure ?", a-t-il déclaré.
La juste considération des femmes de ménage, une problématique qui fait encore grincer bien des dents en France. Et une interrogation qui fait suite aux mots du député, prononcé lors d'une conférence de presse : "Lorsque l'on est à l'Assemblée nationale et que l'on fait la loi, on se doit de balayer devant sa porte. Les députés sont correctement rémunérés mais quand on voit les fiches de paie des femmes de ménage en sous-traitance ce n'est pas digne", avait alors affirmé François Ruffin. Et il n'est pas le seul aujourd'hui à le déplorer.
Ce ne sont pas moins de 68 député·e·s qui en appellent à l'instauration d'un 13e mois pour les femmes de ménage de l'Assemblée nationale. Des député·e·s de gauche, de droite, du centre. De quoi encourager de nécessaires avancées sociales ? Le député communiste Sébastien Jumel l'espère. "Dans ce chaudron de luxe, de calme et de volupté, la manière dont on traite les femmes de ménage est pour nous insupportable. On doit mettre une clause sociale dans l'appel d'offre qui exige le 13e mois", avance-t-il.
Le changement, c'est pour bientôt ?
François Ruffin, qui a pour habitude d'aborder le sujet (l'invisibilisation des femmes de ménage, mais aussi leur situation salariale plus que critique), semble en tout cas y croire. "C'est une nouvelle étape aujourd'hui. Plus de 60 députés soutiennent notre demande d'un 13e mois pour les femmes de ménage de l'Assemblée. A défaut d'étendre cette obligation au pays, qu'au moins ici, on montre l'exemple", insiste-t-il. Une exemplarité qu'approuve le député du Modem Brahim Hammouche, affirmant à l'unisson que "la dignité est non-négociable".
"Nous souhaitons une amélioration des conditions salariales des femmes et hommes de ménage oeuvrant à l'Assemblée Nationale. Nous avons demandé un treizième mois et non une prime. Soutien à tous ces agents, qui méritent amplement d'être récompensés. Ils nous permettent de travailler dans des lieux entretenus et propres", a de son côté déclaré la députée LREM Sonia Krimi. Les mots-clés en évidence ? "Solidarité" et "entraide".
Une entraide qui se fait attendre. En mai dernier, François Ruffin posait déjà le débat sur la table. Et comparait les conditions de travail des femmes et des hommes de ménage (sous-considération, travail partiel et "découpé" en "mini-missions") à de la "maltraitance". "Le président de la République nous rappelle la Déclaration des droits de l'homme : les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. J'ouvre la porte [au gouvernement] en demandant ce qu'ils vont faire ? Qu'est-ce qu'ils vont proposer ?", avancait-il alors.
Des interrogations toujours en quête de réponses.