Le cadre des élections législatives de juin prochain se précise et suscite déjà des oppositions. Le CNT a publié dimanche dernier sur le site du Comité de préparation des élections un projet de loi qui dévoile le nouveau visage politique de la Libye. La future assemblée constituante (ou « congrès national général ») sera composée de 200 membres élus au suffrage libre direct, et seulement 10% des sièges seront réservés aux femmes. Les ONG libyennes, notamment Libyan Rights Organization et The Voice of Libyan Women, sont immédiatement montées au créneau pour condamner la sous-représentation « scandaleuse » des femmes dans la future assemblée constituante, qui sera chargée de former un gouvernement intérimaire.
Leur voix s’est élevée avec force pour réclamer l’amendement du premier article de ce projet de loi et appeler le CNT à garantir que les prochaines élections « ne marginalisent pas le rôle de la femme », dans un pays où elles représentent plus de 50% de la population. Le texte formule un certain nombre de réquisits : les candidats doivent avoir plus de 25 ans, et n’avoir été aucunement impliqués dans le système clientéliste et oligarchique mis en place par Mouammar Kadhafi. Sont écartés de fait les anciens responsables libyens accusés de torture et de détournements de fonds, les membres de la Garde révolutionnaire, les ex-opposants au régime qui avaient conclu des accords avec l’ancien Guide.
Le CNT manifeste dans ce texte une volonté de rupture et de transparence, alors que le pays est encore plongé dans des brumes tenaces. La population est descendue récemment dans les rues de Tripoli pour exiger une purge de la classe politique. Les autorités intérimaires veulent éviter à tout prix une confiscation du débat politique par les milices armées opposées dans des luttes de pouvoir régionales. La marginalisation politique des femmes fait figure de mauvais présage.
Elodie Vergelati
(Source AFP)
Crédit photo : AFP/Archives
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