Le nombre de demandes de censure de contenus politiques formulées par les gouvernements à Google a doublé au deuxième semestre 2011. C’est ce que révèle le cinquième rapport semestriel sur la transparence publié par l’entreprise du Web. L'Ukraine, la Jordanie et la Bolivie apparaissent pour la première fois sur la liste des pays impliqués.
Entre juillet et décembre 2011, Google a satisfait à 65% des 467 demandes judiciaires de suppression de contenus du moteur ou de son site YouTube, et à 46% des 561 demandes non soutenues par une autorité judiciaire.
« C'est inquiétant non seulement parce que la liberté d'expression est remise en cause, mais parce que certaines de ces demandes émanent de pays qu'on ne soupçonnerait pas - des démocraties occidentales qu'on n'a pas l'habitude d'associer à la censure », souligne Dorothy Chou, une analyste de Google.
Les autorités françaises ont par exemple demandé la suppression de 58 liens, messages ou vidéos. Google a accédé à 67% des demandes appuyées par la justice, et à 47% des autres.
Parmi les pays sollicitant le plus le retrait de contenus, on retrouve la Thaïlande (149 demandes), l’Inde, avec un bond de 49% entre le premier et le deuxième semestre, et la Turquie. Le Brésil fait également partie des principaux censeurs : la législation brésilienne sur la diffamation permet d’exiger le retrait d’informations, même si celles-ci ont été vérifiées. Ainsi, Google a dû supprimer quatre profils d’utilisateurs sur son réseau social Orkut en raison du caractère politique de leurs publications.
L’entreprise n’accède pas néanmoins à toutes les demandes. Le ministère de l’Information pakistanais avait tenté de faire retirer des vidéos satiriques à l’égard et de responsables politiques, ce que Google s’est refusé à faire. L'Espagne a récemment demandé la suppression de 270 résultats de recherche renvoyant vers des articles faisant mention de certaines personnalités politiques, sans plus de succès.
Dorothy Chou a déclaré espérer « qu’en cultivant la transparence sur ces données », Google « contribue au débat public sur la façon dont le comportement des gouvernements façonne internet ».
Viviane Clermont
Avec AFP
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