La grossophobie est le fait de traiter différemment une personne à cause de son poids. Parce qu'elle est grosse, et donc ne correspond pas aux standards de beauté réducteurs loués par les sociétés occidentales, elle est exclue, moquée, dégradée souvent publiquement. Ce vécu traumatisant, beaucoup l'expérimentent au quotidien. Dans leur vie intime, au sein de leur famille ou au travail. Les remarques pernicieuses sont parfois incessantes et sources d'un mal-être forcément nocif.
Afin de dénoncer ces discriminations beaucoup trop ordinaires et alerter sur ses dégâts mentaux et physiques, des internautes ont lancé le hashtag "Balance ton grossophobe", en référence à "Balance ton porc", qui visait en 2017 les auteurs d'agressions sexuelles.
Sur Twitter, ils et elles racontent les mots qui les hantent encore aujourd'hui, les regards d'inconnu·e·s dans la rue sur leur corps, les excuses liées à la santé derrière lesquelles nombreux·se·s se cachent pour exprimer leur haine. Car on le martèle : absolument rien ne justifie une quelconque discrimination.
Parmi les récits toujours terribles des utilisateur·ice·s, certains ciblent d'ailleurs le corps médical, et le jugement aberrant de spécialistes. "Mon médecin m'a dit devant ma mère qui n'a pas réagi : 'tu devrais vraiment faire un régime, là', puis il a ajouté avant que je parte 'sinon personne ne voudra jamais de toi et tu seras triste toute ta vie'. J'ai pleuré jusqu'à chez moi", écrit une jeune femme.
"Commençons par ce cher pédiatre qui ne cessait de me réprimander sur la fameuse courbe alors que je rentrais dedans", poursuit une autre. "Je n'avais absolument pas de TCA (trouble du comportement alimentaire, ndlr) à l'époque, merci de les avoir créés Dr D."
Il y a aussi les proches : "Quand j'avais 11 ans, ma tante et mes cousines m'ont dit que j'étais devenue une 'petite bouboule' et que je devais absolument me mettre au régime et elles me regardaient avec un air choqué et méprisant", témoigne une internaute, quand une deuxième raconte comment son père la traitait de "grosse vache".
Et puis, l'école : "'Si t'étais plus maigre tu serais certainement plus jolie' 'cette tenue t'irait mieux si t'étais moins... ronde ?' j'en ai des centaines d'autres mais sachez que ce genre de remarques peuvent détruire psychologiquement une personne voire plus que ça", condamne une jeune femme, suivie par une autre : "J'ai subi 2 ans de harcèlement et de mise à l'écart au collège parce que j'étais 'grosse', 'obèse', 'moche' fin bref les années de collège un vrai cauchemar".
Aux trolls qui jugent bon de saisir l'occasion de ce mouvement pour rabaisser et insulter leurs auteur.ice.s, une personne répond : "Les personnes grosses demandent à exister sans se faire harceler, même ça c'est trop demandé ?" Un tweet qui destiné aux dizaines de messages révoltants qui accusent de promouvoir "l'obésité", loin de comprendre le sens du hashtag : lutter contre la grossophobie.
En mai dernier, à l'occasion de la diffusion de son documentaire La grosse vie de Marie, la journaliste Marie De Brauer nous confiait comment agir si l'on était victime de ce fléau insidieux : "Si on en souffre au quotidien, avoir quelqu'un de confiance avec qui discuter de ça, c'est important", affirmait-elle.
"On peut aussi se renseigner sur internet. Par exemple, pour contrer la grossophobie médicale, Gras politique a mis en place une liste de médecins 'safe' et 'non safe' . Il y a aussi des groupes de parole Facebook réservées aux personnes grosses pour discuter avec d'autres personnes vivent la même chose que nous et qui peuvent donner des petits conseils."