Les propos d'Alexander Vedenin, juge international entre 1975 et 2005, étaient hallucinants. "Ils patinent très bien mais de façon froide. L'un des partenaires a une orientation sexuelle non traditionnelle et c'est quelque chose qui ne peut pas se cacher", estimait-il en octobre 2021 sur MatchTV, à l'issue de la première compétition depuis la crise sanitaire des Français Guillaume Cizeron et Gabriella Papadakis.
Le patineur français avait, en mai 2020, fait son coming out sur Twitter. En face en revanche, "Sinitsina et Katsalapov (le duo russe, ndlr) peuvent exprimer un véritable amour, et cela peut les conduire à la victoire", lâchait l'intervenant ouvertement homophobe.
N'en déplaise à cet ancien officiel, le duo français a bel et bien ébloui les juré·es lors des Jeux Olympiques de Pékin, jusqu'à décrocher l'or. Leur performance libre, 4 ans après avoir obtenu une médaille d'argent qui les avait déçu·es aux JO de PyeongChang, a cette fois fait l'unanimité.
Invité sur le plateau de Tout le sport quelques jours après la déclaration, le sportif désormais champion olympique répliquait au détracteur : "Il nous attaque sur le fait que, soi-disant, nous ne serions pas capables de retranscrire "le vrai amour" sur la glace. C'est une tentative pathétique de nous nuire. (...) Je trouve ça assez lamentable, ce sont des commentaires d'un autre temps. J'espère qu'on va être jugés sur la glace de manière objective pour la performance qu'on donne et pas pour notre orientation sexuelle".
Il faut croire que ce fut le cas. Et Guillaume Cizeron de préciser ce que le public vient chercher sur la glace : "C'est juste aberrant de rappeler que ça ne devrait pas avoir d'importance. Les gens veulent voir une performance, de l'émotion, de la virtuosité, une connexion".
Par ailleurs, en ce qui concerne l'inquiétude du juge sur leur capacité à "exprimer un véritable amour", Guillaume Cizeron confiait dans Têtu la relation fusionnelle et la complicité évidente qu'il entretenait avec Gabrielle Papadakis. "Mon homosexualité n'a jamais été un sujet entre nous et elle l'a probablement su tôt", confiait-il. On est partenaires de beaucoup de choses. Ça s'apparente à de l'amitié, à de la fraternité, à de l'engagement aussi."
Et de faire remarquer : "Il n'y a pas de commentaire haineux sans peur". Niveau compétition, il y avait en effet de bonnes raisons de trembler.