Le Meltdown est un bar de Rennes qui accueille une population diversifiée tout au long de la semaine. Un endroit spécialisé dans le e-sport qui prône bonne entente et moments conviviaux. C'est donc pour assurer une sécurité sans failles à ses client·es que les barmen et certains habitués ont mis au point un stratagème facile et efficace, auquel peuvent avoir recours les personnes qui subiraient des comportements déplacés ou du harcèlement, comme le rapporte le Parisien.
Son nom ? L'oeil d'Horus. Ce cocktail fictif n'apparaît pas sur la carte des boissons et pour cause : il est en réalité le code à divulguer au barman en cas de situation abusive. Une sorte de SOS connu du personnel qui vise à protéger les victimes, comme le dieu Horus protégeait les Égyptien·nes dans l'Antiquité.
"Avant, on n'avait pas de protocole défini. On gérait les problèmes au cas par cas mais ils ne nous étaient pas toujours remontés", explique Etienne Conquérant, l'un des employés, au quotidien. Entre le service et l'agitation, il n'est pas toujours facile de surveiller la foule. C'est donc pour pallier cette situation que l'oeil d'Horus a été mis en place. En prononçant son nom, le staff vous emmènera dans une salle à part pour vous écouter et exclura l'accusé.
Frank, un habitué à l'origine du concept, ajoute également qu'"il n'y a pas que les femmes qui sont concernées, ça peut aussi arriver aux hommes ainsi qu'aux membres de la communauté LGBT. Parfois, on voit des choses, on se demande si on interprète mal la situation et s'il faut intervenir". Cette astuce est notamment expliquée dans les toilettes des femmes, où un écriteau indique qu'"il est important pour [le bar] qu'une personne franchissant la porte d'entrée se sente en sécurité".
On applaudit l'initiative malheureusement nécessaire, qui vient de l'étranger. Car c'est dans les pays anglo-saxons que Malo Dupont, un autre client récurrent, aurait puisé l'inspiration derrière l'idée du faux cocktail.
Au Royaume-Uni par exemple, la campagne Ask for Angela a été lancée pour la même raison. Ainsi, si l'on se rend auprès de n'importe quel membre du personnel en demandant à parler à Angela, il ou elle saura que l'on se sent menacée. L'équipe appellera alors un taxi pour nous faire rentrer en toute sécurité, ou demandera à la personne à l'origine de notre malaise de partir.
A Rennes, cette solidarité a déjà porté ses fruits, puisque samedi dernier une jeune fille a commandé le fameux oeil d'Horus au Meltdown. Un client l'avait suivie alors qu'elle partait du bar pour ramener une amie chez elle et avait même forcé la porte. Elle est revenue sur ses pas pour demander de l'aide, et s'est fait raccompagner par l'équipe qui a ensuite interdit au harceleur de remettre les pieds dans l'établissement.