L'une est une ballerine américaine, l'autre une intouchable issue d'un petit village indien, une autre encore rêve de tango en Argentine... toutes sont des héroïnes fortes, inoubliables, et elles sont au coeur de notre sélection de romans 100% Girl Power.
Houston, années 50. Cece Buchanan et Joan Fortier sont amies. Meilleures amies même. À tel point que les autres femmes envient cette relation si forte. Sauf qu'on le comprend rapidement, cette amitié est dérangeante, toxique. Depuis toujours, Cece vit dans l'ombre de Joan, reine des abeilles de la bourgeoisie texane et personnage aussi magnétique que mystérieux. Mais au fil des années, cette relation déséquilibrée va commencer à se fissurer. De découverte de secrets en remise en question, Cece va peu à peu ouvrir les yeux sur la personnalité de son amie. Avec Une amie très chère, Anton Disclafani dresse le portrait de deux femmes complexes qui s'attirent, s'aiment mais se font du mal. La bonne société de Houston, joue quant à elle la troisième héroïne de ce roman. Le champagne, la drogue et le pétrole coulent à flot, et l'insouciance semble être le leitmotiv de la plupart des personnages. Mais cet American dream cache bien évidemment des failles, et les laissés pour compte ne sont finalement jamais bien loin des beaux quartiers. À mi-chemin entre L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante et la série Mad Men, ce joli roman est finalement bien plus complexe qu'il n'y paraît.
Éd. Denoël, 448 pages, 21,50€
Un jour de 1985, Ava demande à sa grand-mère comment elle est devenue la femme qu'elle est aujourd'hui. Alors, Addie, l'aïeule tant aimée, se souvient. Nous voici en 1915, dans un quartier pauvre de Boston. Benjamine d'une fratrie de trois soeurs, issue d'une famille juive polonaise attachée aux traditions, Addie se cherche, veut étudier, inverser la tendance. Sa porte de sortie sera finalement un club de lecture réservé aux femmes. La jeune femme que sa mère rêvait mère au foyer va s'échapper de son carcan familial, devenir journaliste, écrire un livre, lutter pour les droits des femmes, et tomber amoureuse. Ce journal d'une femme moderne tient autant du manifeste féministe que du parcours initiatique. Née à une époque où les femmes finissaient rarement l'école et n'avaient pas le droit de vote, Addie a su transcender sa condition pour se réaliser toute seule. Une héroïne de fiction inspirante qui nous rappelle que c'est à des femmes comme elles, bien réelles pour le coup, que nous devons notre liberté.
Éd. Pocket, 352 pages, 7,40€
Trois femmes, trois vies, trois continents. En Inde, Smita, une intouchable, ramasse des excréments pour vivre. "Une malédiction, une punition", estime-t-elle. Mère d'une petite Lalita, la jeune femme rêve d'un destin bien différent pour son enfant. Alors elles s'enfuient ensemble. En Sicile, Giulia, 20 ans, travaille dans l'entreprise familiale de perruques. Le jour où son père a un accident, elle découvre que ce dernier croule sous les dettes. La troisième héroïne s'appelle Sarah et vit au Canada. Avocate brillante, future associée de son cabinet, elle sacrifie souvent sa vie de famille pour sa carrière. Lorsque le cancer lui tombe dessus, elle décide de le cacher à ses collègues. Disséminés sur des continents bien différents, ces trois personnages vont pourtant être liés par le destin. Et si elles mènent des vies bien différentes, Laetitia Colombani démontre très bien comment les femmes doivent se battre chaque jour contre le sexisme et les discriminations, peu importe d'où elles viennent. Animées par le désir de transcender leur condition, toujours courageuses, ces héroïnes normales sont finalement bien plus puissantes qui n'y paraît. Court mais intense, La tresse, est en cours de traduction en 16 langues. Le début de la gloire, on l'espère.
Éd. Grasset, 224 pages, 18€
Première danseuse étoile noire de l'American Ballet Theatre, Misty Copeland est devenue à elle seule un modèle pour des millions de fillettes à travers le monde. Car rien ne destinait cette jeune femme à devenir un jour une étoile. Dans son autobiographie, Une vie en mouvement, best-seller aux États-Unis, elle raconte avec ses mots son parcours impressionnant. Issue d'un milieu modeste, d'abord passionnée par le hip-hop, c'est à 13 ans que Misty Copeland découvre la danse classique. Une arrivée tardive dans un monde élitiste et fermé. Mais quand on est un prodige couplé à une force de la nature, même les plus grandes compagnies de danse ne peuvent plus vous ignorer. Plus qu'un récit initiatique, l'autobiographie de Misty Copeland dépeint de manière franche l'univers de la danse classique. Milieu élitiste, prompt au racisme – on a demandé à la danseuse d'éclaircir sa peau pour une représentation – c'est avec difficulté qu'il s'ouvre aux changements. Mais preuve que tout arrive, Misty Copeland a vaincu tous les préjugés pour réaliser son rêve. Une superbe leçon de courage.
Éd. 10/18, 336 pages, 8,40€
Stuart Nadler décrit avec une telle justesse les émotions des héroïnes qui composent son roman qu'on en vient d'abord à se demander si son pseudonyme ne cache pas finalement une romancière. Car si Les inséparables est une exploration des liens familiaux, c'est avant tout une histoire de femmes. D'une lignée féminine même : Henrietta, d'abord. À 70 ans, la doyenne de la famille vient de perdre son époux. Endeuillée, elle doit en même temps faire face au seul livre qu'elle a écrit dans sa jeunesse. Jugé sulfureux pour l'époque, le roman est devenu culte mais fait honte à son auteure. Il y a ensuite Oona, sa fille. Une chirurgienne brillante mais qui ne sait plus comment fonctionner depuis qu'elle a quitté son mari. Lydia, la fille adolescente d'Oona referme ce trio. Intelligente, pleine d'esprit, amatrice des Smiths, elle vit un enfer depuis que son petit-ami a fait circuler une photo d'elle à moitié nue dans leur prestigieuse école. Le temps de quelques jours, ces trois femmes vont être réunies. L'occasion pour elles de faire face à leurs désirs, de se remettre en question et de se rappeler qu'elles sont plus fortes ensemble.
Œuvre diablement féministe, le roman de Stuart Nadler nous plonge dans les tourments et les questionnements de trois femmes modernes. Comment se remettre du harcèlement sexuel et scolaire ? Comment se sentir désirable à nouveau après un divorce ? Et surtout, comment se réapproprier sa personnalité quand on a perdu sa moitié ? Un livre savoureux et extrêmement brillant.
Éd. Albin Michel, 416 pages, 22,50€
Leda a 17 ans et n'a rien jamais connu d'autre que son petit village italien près de Naples. Aussi, quand son cousin Dante émigre en Argentine, elle décide de le prendre pour époux. Mais lorsque la jeune fille le rejoint finalement à Buenos Aires, elle découvre avec horreur que Dante est mort. Nous sommes en 1913, et une femme seule – qui plus est sans ressources – n'est ni en sécurité, ni bien vue par la société. Mais Leda possède un violon. Ensorcelée par la ville et le tango, elle prend alors une décision radicale : enfiler les vêtements de Dante, devenir un homme pour pouvoir vivre de sa musique. Avec Les Dieux du tango, Carolina De Robertis livre un superbe et émouvant portrait de femme. Ainsi, on y découvre d'abord une Leda naïve qui s'éveille peu à peu au contact de Buenos Aires. D'adolescente, elle passe à femme, découvre sa sexualité, s'émancipe, et peut enfin devenir elle-même. Surtout, l'auteure nous conte une Argentine brûlante, sensuelle, où les peaux bronzées et ruisselantes de sueur s'emmêlent au rythme de tangos puissants. On entendrait presque le violon de Leda s'élever des pages.
Éd. Le Cherche Midi, 504 pages, 22€
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