Avec l'avènement du numérique, la recherche d'emploi en ligne est devenue monnaie courante. Fini le temps où l'on envoyait sa candidature par fax et où l'on passait dans l'entreprise pour déposer son CV à l'accueil.
Le problème, c'est que les femmes partent avec un handicap lorsqu'elles se lancent dans la recherche d'un emploi sur internet : la discrimination de genre. En effet, comme l'a démontrée une étude réalisée en 2016 et réactualisée en mars 2018, les algorithmes eux aussi sont touchés par le fléau du sexisme.
L'étude a été menée par Catherine Tucker et Anya Lambrecht, respectivement chercheuses à la Massachusetts Institute of Technology et à la London Business School. Ces deux universitaires sont parties du constat étrange que les hommes ont davantage accès aux offres d'emploi sur le net dans le domaine des sciences et des technologies. Elles ont alors mené une expérience en publiant une annonce neutre pour un poste scientifique.
L'offre d'emploi a été diffusée sur les réseaux sociaux ainsi que sur des plateformes dédiées à la recherche d'emploi. Le résultat de ce test est édifiant : l'offre a été consultée 20% de fois plus par des hommes que par des femmes. "Le phénomène s'applique à tous les secteurs", commente Catherine Tucker pour le site Salon.
Si les sites d'emploi et les réseaux sociaux ciblent davantage les hommes, ce n'est pas parce que les entreprises préférent les hommes, mais plutôt parce qu'elles semblent résulter de l'économie des ventes publicitaires.
Étonnamment, lorsqu'un annonceur paie pour des annonces publicitaires en ligne, y compris des offres d'emploi en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM), il est plus coûteux d'obtenir les opinions des femmes que celles des hommes.
"Les yeux des femmes coûtent plus cher, et les algorithmes qui tentent de réduire les coûts des annonceurs vont simplement choisir de ne pas les cibler", explique Catherine Tucker.
Les algorithmes de marketing reconnaissent apparemment le pouvoir d'achat substantiel des femmes et fixent des prix plus élevés pour leurs opinions. "Le problème que nous identifions s'appliquerait à n'importe quelle catégorie de produits ou de services publicitaires - par exemple, le logement, les assurances, les chaussures, les soins de santé", souligne Catherine Tucker.
Difficile de concevoir de prime abord qu'un algorithme fasse preuve de discrimination en fonction du sexe. Pourtant, d'autres études l'ont déjà prouvé.
En juin dernier, des chercheurs et chercheuses de la Facebook Al Research ont démontré que lorsqu'elle est confrontée à un manque de variété dans les profils, l'intelligence artificielle ne va pas couper aux stéréotypes qui régissent nos sociétés.
Cette étude montre que si l'on fait des recherches dans Google, de nombreux clichés racistes ou genrés ressortent. D'où la nécessité d'insuffler davantage de diversité dans les informations diffusées sur la toile.