S'il pense à la campagne présidentielle dont le dénouement aura lieu dans trois mois, Nicolas Sarkozy tient à son statut de président et s'y accroche jusqu'au bout : lors de son intervention télévisée d'hier soir, diffusée sur pas moins de huit chaînes, il s'est en effet exprimé en tant que chef de l'Etat, déterminé à mener des réformes jusqu'à la fin de son mandat. Il a ainsi annoncé un cahier de mesures pourtant vouées à être appliquées après l'élection présidentielle.
Diminuer le coût du travail
C'est donc en maintenant un faux suspense quant à sa candidature à sa propre succession que le chef de l'Etat a annoncé plusieurs réformes destinées à rendre l'économie française plus compétitive. Parmi elles, la mise en place d'une TVA sociale de 1,6 point à partir du 1er octobre 2012. La TVA française atteindra ainsi un niveau record, en passant de 19,6% à 21,2%. Parallèlement les taux réduits de 2,5%, 5,5% et 7% ne seront pas relevés. La hausse de ce taux, qui devrait concerner la majorité des produits manufacturés comme les automobiles, les vêtements ou les produits électroniques, ne touchera pas uniquement les produits importés. Quant à la question de la hausse des prix qu'une telle mesure risque d'engendrer, le président se veut rassurant, assurant qu'il ne « croit pas » que les prix augmenteront pour les consommateurs suite à la mise en place de cette TVA sociale.
En marge de cette mesure, Nicolas Sarkozy a également annoncé une hausse de 2 points de CSG sur les revenus financiers, tel les actions, sciais ou assurance vie. Les 13 milliards d'euros ainsi récoltés devraient financer une exonération des charges patronales des entreprises sur les salaires compris entre 1,6 et 2,4 sic. L'objectif : diminuer le coût du travail et booster la compétitivité des entreprises françaises.
Flexibilité des temps de travail et salaires
Par ailleurs Nicolas Sarkozy s'attaque aux 35 heures, proposant que les syndicats réfléchissent à un accord de « compétitivité-emploi ». L'idée : permettre à une entreprise d'être flexible sur le temps de travail et les salaires sur un temps limité (deux ans maximum). L'objectif étant de proposer aux entreprises une alternative à l'annualisation du temps de travail et la possibilité de s'adapter à la conjoncture. Si la durée de travail hebdomadaire légale restera 35 heures, il suffira à l'entreprise d'avoir passé un accord collectif pour la modifier.
30% de surface en plus pour les logements
Autre secteur auquel le chef de l'Etat s'attaque : le logement. Il propose ainsi le possibilité d'agrandir les constructions de 30%, augmentant ainsi la surface d'occupation des sols (COS). Une option qui ouvre des surfaces supplémentaires aussi bien aux constructions neuves et aux travaux de rénovation. Une mesure destinée à faciliter la construction et pallier la crise du logement, mais qui risque de faire grincer des dents dans les municipalités, qui auront le cas échéant la possibilité de déposer des recours contre les permis de construire.
Enfin, le président a annoncé la mise en place d'une taxe sur les transactions financières qui serait applicable « dès le mois d'août ». D'un montant de 0,1%, ce taux concernera toutes les entreprises cotées en France et touchera particulièrement les produits très spéculatifs. Nicolas Sarkozy, qui confirme ainsi qu'il fait cavalier seul sur l'adoption de cette réforme face à ses collègues européens, déclare vouloir « provoquer un choc et montrer l'exemple ».
Pas encore candidat, mais critique le projet PS
Quant à sa présentation à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a assuré qu'il ne se dérobera pas. « J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas », a-t-il ainsi affirmé. « Si un jour je dois rentrer en campagne, à ce moment là je serai candidat ». Cette intervention télévisée a été également l'occasion pour le président pas encore officiellement candidat de tacler son adversaire socialiste François Hollande. Sans jamais le citer expressément, Nicolas Sarkozy a à maintes reprises critiqué les propositions de M.Hollande. Sur sa proposition de revenir à une retraite à 60 ans, le chef de l'Etat affirme que c'« est une folie, il n'y a personne qui croit ça », assurant que cela « conduirait le pays à la ruine ». Il a également violemment dénoncé le projet de réforme du quotient familial du candidat socialiste, qui selon lui « ferait peser sur les classes moyennes une charge qu'elles ne peuvent pas supporter ». Par ailleurs le président s'est exprimé sur la campagne, déclarant que « chacun devrait comprendre que quand on se met au niveau du caniveau, personne n'y gagne. Chacun d'entre nous devrait se respecter ».
Crédit photo : AFP
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