Janet Yellen : la nouvelle présidente de la Fed© DR
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Une nomination naturelle
Pendant longtemps, Larry Summers fut le grand favori pour la succession de Ben Bernanke à la tête de la Fed. En effet, l’ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton et directeur de la prestigieuse université d’Harvard, semblait avoir les faveurs du décisionnaire, Barack Obama. A son arrivée au pouvoir, le président l’avait même choisi comme principal conseiller économique. Mais il est probable que son implication directe dans la crise des subprimes l’ait finalement incité à se retirer de la course.Son principal concurrent hors jeu, la nomination de Janet Yellen était acquise. Comme Larry Summers, Mme Yellen est démocrate et a fait partie des équipes de Bill Clinton lorsque ce dernier occupait la Maison-Blanche. Depuis trois ans, elle était même numéro 2 de la Réserve fédérale et a donc eu tout loisir de se familiariser avec les rouages de l’institution.
Plébiscitée par les démocrates, respectée par les républicains, Janet Yellen a même suscité un fort engouement de la part des investisseurs et d’un groupe de quelque 350 économistes américains. Ce soutien de poids était même chapeauté par Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001 avec Michael Spence et George Akerlof – ce dernier étant l’époux de Janet Yellen. Y compris la presse économique a salué le choix de Barack Obama. « Yellen est le meilleur choix pour la Fed », a ainsi titré le difficile Financial Times. « Son jugement semble sûr. Même si elle n’a pas prédit la crise, elle a alerté sur la bulle immobilière dès 2005 », rappelle également le quotidien britannique.
Le défi de la sortie de crise
Sur le plan académique et théorique, Janet Yellen est considérée comme une « colombe » à Washington. Cela signifie qu’elle est davantage préoccupée par la question du chômage que par l’inflation, à la différence des « faucons ». Concrètement, la nouvelle présidente de la Réserve fédérale pourrait donc faire le choix de prolonger le soutien financier de l’institution dans l’économie afin de consolider la reprise.Ce sera son principal défi lors de son arrivée en fonction en janvier prochain : mettre un terme progressif à la politique de soutien exceptionnel de la Fed mise en œuvre pour répondre à la crise. Dans cette entreprise, Janet Yellen devra préserver les objectifs traditionnels de la Fed : un taux d’emploi maximal, une inflation stable et des taux d’intérêt à long terme modérés. Pour mener à bien sa politique, la remplaçante de Ben Bernanke devrait s’appuyer sur la transparence et la communication. En effet, cette composante sera cruciale pour ne pas alarmer les marchés lorsque le temps sera venu de fermer le robinet des dépenses.
Au fond, d’un point de vue politique et économique, le choix de Janet Yellen a tout pour être couronné de succès. Barack Obama est unanimement soutenu. Cette femme compile toutes les qualités et compétences pour assurer une succession douce et productive. D’un point de vue humain et social, on ne peut également que se réjouir que la nomination d’une femme à un tel poste clé n’ait pas fait sourciller les hommes, pourtant ultra-majoritaires dans ce milieu. Peut-être une preuve que les Etats-Unis sont en avance concernant l’égalité des genres. La liste des femmes imposées par le président américain dans son administration ou à des postes politiques importants est d’ailleurs déjà assez longue.