"Les pour sont au nombre de 53, les contre au nombre de 47, et cette nomination est confirmée". Avec une émotion certaine dans la voix, la vice-présidente Kamala Harris a annoncé la confirmation de Ketanji Brown Jackson à la Cour suprême, jeudi 7 avril. Une décision historique, puisque la magistrate est la première femme afro-américaine à siéger à la plus haute instance judiciaire du pays. Et ce, en 233 ans.
"Je pense qu'il est temps que la Cour reflète tous les talents et la grandeur de notre nation avec une candidate aux qualifications extraordinaires", expliquait Joe Biden le 25 février, "et que nous inspirions aux jeunes gens l'idée qu'ils peuvent servir leur pays au plus haut niveau."
Sur Twitter, le Président a déclaré, quelques minutes après la nouvelle : "La confirmation de la juge Jackson est un moment historique pour notre nation. Nous avons accompli un nouveau pas en avant pour que notre plus haute cour reflète la diversité de l'Amérique. Elle sera une incroyable juge, et j'ai été honoré de partager ce moment avec elle."
A côté des 50 sénateurs et sénatrices démocratres qui ont voté d'un seul bloc, 3 républicain·es ont rejoint les rangs des pour. Mitt Romney (Utah), de Lisa Murkowski (Alaska) et de Susan Collins (Maine). "Même dans les temps les plus sombres, il existe des lumières brillantes", a commenté Chuck Schumer, chef de la majorité. "Aujourd'hui est l'une de ces lumières brillantes. Espérons qu'il s'agisse d'une métaphore, de l'indication de nombreuses autres lumières brillantes à venir."
Ketanji Brown Jackson est diplômée de la faculté de droit de Harvard (promotion de 1996), où elle a oeuvré comme rédactrice en chef de la Harvard Law Review. Elle a ensuite été juge au tribunal fédéral de Washington avant d'intégrer, en 2021, la cour d'appel du circuit du district de Colombia, "une fonction très prestigieuse dans l'institution judiciaire américaine", précise Le Monde.
Lors d'une de ses auditions, la magistrate est revenue sur son parcours, et les implications pour sa famille. Elle s'est adressée directement à ses deux filles : "Les filles, je sais que cela n'a pas été facile car j'ai essayé de relever les défis de jongler entre ma carrière et la maternité. Et j'admets pleinement que je n'ai pas toujours réussi à trouver le bon équilibre. Mais j'espère que vous avez vu qu'avec beaucoup de travail, de détermination et d'amour, c'est possible".
En tant que juge à la Cour suprême, Ketanji Brown Jackson, ou Justice Brown Jackson comme il est d'usage de l'appeler désormais, travaillera sur les questions sociétales et politiques particulièrement sensibles outre-Atlantique. Notamment, les droits des minorités ou le droit à l'avortement, extrêmement menacé dans nombreux Etats.
"Le vote d'aujourd'hui est le résultat de plusieurs siècles de travail, en particulier pour les femmes et les filles noires qui, trop souvent, ne se voient pas représentées dans les plus hautes sphères du gouvernement", a par ailleurs souligné Alexis McGill Johnson, la présidente de l'organisation Planned Parenthood, le planning familial américain qui gère de nombreuses cliniques pratiquant des IVG.
Un espoir concret pour beaucoup, que l'ancienne Première dame Michelle Obama résume en quelques lignes. "Je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment de fierté - un sentiment de joie - de savoir que cette femme noire accomplie et méritante fera partie de la plus haute cour du pays."