Le fait est assez rare pour que la plupart des médias américains l'aient relayé : dans son édition de cette semaine, le New York Magazine consacre sa Une à une femme PDG. Et pas n'importe laquelle : Martine Rothblatt, dirigeante du groupe pharmaceutique United Therapeutics.
Avec une rémunération de 38 millions de dollars en 2013 (28 millions d'euros), Martine Rothblatt est la femme dirigeante la mieux rémunérée des États-Unis. Classée 10e sur plus de 189 gros patrons américains, elle est surtout la première des onze femmes figurant dans le classement établi par le New York Times, loin devant Marissa Mayer de Yahoo! (34e) ou encore Margaret C. Withman de Hewlett-Packard, reléguée à la 95e place.
On the cover: Martine Rothblatt, the highest-paid female CEO in the U.S., was born Martin. http://t.co/vGjv1eqmYH pic.twitter.com/XMv86eSBRk
— New York Magazine (@NYMag) 8 Septembre 2014
Une success story en Une du New York Magazine
L'ironie du sort veut pourtant que Martine Rothblatt, 59 ans, mariée et mère de quatre enfants et grand-mère de quatre petits-enfants, soit née sous le nom de « Martin Rothblatt ». En 1994, alors qu'elle est déjà à la tête de United Therapeutics, elle subit une intervention chirurgicale pour changer de sexe. Depuis devenue une fervente partisane de la cause LGBT, Martine Rothblatt fascine. Au point que le New York Magazine détaille dans un long portrait sa success story. On y apprend notamment qu'elle a grandi dans la banlieue de San Diego dans une famille juive pratiquante, que son père était dentiste, qu'elle préfère que l'on l'appelle « Personne » plutôt que « Madame » et qu'elle est toujours aussi amoureuse de Bina, la femme qu'elle a épousé en 1982, alors qu'elle était encore homme.
Un destin suffisamment exceptionnel pour que Jezebel lui décerne d'ailleurs le titre de « femme la plus fascinante au monde ». Et le pure player féministe de rappeler qu'en plus d'avoir contribué au lancement du premier système national de localisation de véhicules (Geostar, 1983), du premier projet de télécommunications spatiales international privé (PanAmSat, 1984) ou encore du premier réseau de radios par satellite mondial (World Space, 1990), Martine Rothblatt est aussi l'auteure de The Apartheid of Sex, un court manifeste paru en 1995 dans lequel elle appelle à une refonte des catégories de genre.
Pourtant, le cas – exceptionnel – de Martine Rothblatt ne doit pas faire oublier l'absence flagrante des femmes dans le classement des dirigeants américains les plus riches des États-Unis. Car si la patronne de United Pharmaceutics caracole à la 10e place du top établi par le New York Times, ce n'est pas le cas des dix seules autres femmes, reléguées comme Irene B. Rosenfeld de Mondelez International (146e), Virginia M. Rometty d'IBM (148e) ou Indra K.Nooyi de PepsiCo (176e) dans les tréfonds du classement.
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